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peut plus corrompre la jeunesse ; les espions et les dénonciateurs veulent se pendre ! Que veux-tu que je devienne sans toi, moi le nerf des échanges et l’agent des transactions ? Veux-tu donc déplacer le foyer de l’activité humaine et donner la suprématie à ces grossiers paysans, ennemis des arts, du luxe, de l’élégance et du beau langage ?

PLUTUS.

Tout ce que tu dis là ne me touche pas. Je suis ici par l’ordre de Jupiter, et j’y reste.

MERCURE.

Jusqu’à ce soir ?

PLUTUS.

Toujours.

MERCURE.

Mais songe à l’avarice des paysans ! Ils te lieront à un joug, ils t’enfouiront dans les cavernes !

PLUTUS.

N’ai-je pas été enterré vivant dans les murailles des temples et dans les caves des usuriers ? J’aime encore mieux cela que les voyages auxquels tu me condamnes. J’en ai assez, je suis trop vieux.

MERCURE.

C’est ton dernier mot ?

PLUTUS.

Le dernier. Laisse-moi. Va-t’en.

MERCURE, à part.

Eh bien ! c’est ce que nous verrons !


SCÈNE IV.
MERCURE, PLUTUS, CHRÉMYLE, MYRTO, avec une corbeille, BACTIS et CARION, ou fond.
MERCURE, à Chrémyle.

Allons, mon ami, emmène Plutus et fête sa guérison. Il te doit la lumière, demande-lui l’opulence.

MYRTO, à Chrémyle.

Attendez, mon père. Je dois, suivant l’usage, honorer la tête de votre hôte. (Elle répand sur la tête de Plutus les fleurs de sa corbeille, et lui dit à voix basse en se courbant devant lui) : Dieu des richesses, donne-moi, en retour de cet hommage, une grosse bourse pleine d’or ! (Chrémile, un peu au fond, donne des ordres à ses esclaves.]

PLUTUS.

Oui, oui, plus tard.

MERCURE.
MERCURE, à Myrto.

Sache qu’il promet toujours, et qu’il tient le moins possible.

MYRTO.

Plutus, au nom de ma mère, qui m’a dit de t’implorer, et qui se donne beaucoup de mal pour te bien recevoir, accorde-moi ce que je te demande.