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public, contre les offices d’huissiers-priseurs pour meubles. « Un cri public, disait ce prélat, s’est élevé dans la province contre les huissiers-priseurs. Depuis leur funeste établissement, ils n’ont été occupés qu’à donner une extension progressive à leurs fonctions et aux droits qui leur ont été attribués. Cette augmentation presque illimitée est devenue aujourd’hui effrayante ; elle nous a paru telle d’après les plaintes générales et malheureusement trop fondées qui nous ont été portées. Cet objet est devenu infiniment intéressant pour toutes les classes de citoyens, et surtout pour les malheureux habitans des campagnes, dont les faibles successions sont dévorées par les droits excessifs, les abus crians, etc. » Suivait un long détail des exactions attribuées aux huissiers-priseurs, tableau probablement fort grossi, mais que l’assemblée sanctionna par son vote, en demandant la suppression de ces officiers publics ! et en chargeant son président d’insister auprès des ministres pour l’obtenir le plus tôt possible.

L’assemblée ayant eu à désigner trois avocats qui devaient être rétribués, par la province pour donner gratuitement des consultations dans l’intérêt des communes, un de ses choix se porta sur M. Rœderer, avocat à Metz, dont le fils devait être députe aux états-généraux, conseiller d’état, comte, sénateur, pair de France et membre de l’Institut. M. Rœderer fit répondre qu’étant déjà le conseil des principaux propriétaires de la province, dont les intérêts pouvaient se trouver en désaccord avec ceux des communes, il ne croyait pas devoir accepter.

Dans son discours de clôture, l’évêque président, après avoir rappelé sommairement les principales délibérations, ajouta : « Oui, le clergé, la noblesse, le tiers-état, animés des mêmes sentimens, du même désir du bien, ont cherché tous les moyens de l’opérer. Vous qui partagez avec moi les fonctions honorables qu’il a plu au roi de nous confier, je dois vous rendre et je vous rends avec la plus grande satisfaction un témoignage public de votre zèle patriotique, de vos vues bienfaisantes et éclairées, de votre capacité, de votre activité, de votre assiduité au travail, de votre entier et absolu désintéressement. C’est à ces traits qu’on reconnaît le vrai citoyen et zélé patriote. Vous allez retourner dans vos foyers, au milieu de vos concitoyens ; vous vous écrierez avec un juste et légitime enthousiasme : Français, écoutez-nous, le roi bienfaisant qui nous gouverne voudrait que nous fussions tous heureux ; forcé par la situation des finances de lever des impôts sur ses peuples, il veut que la perception s’en fasse avec justice, égalité et économie ; il nous a prescrit de prendre tous les moyens possibles pour soulager les peuples, pour encourager et accroître le commerce, pour fertiliser