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entre les gens de la campagne, de diviser chaque pièce de l’héritage commun en autant de parties qu’ils ont de cohéritiers, et voilà la véritable cause du morcellement des propriétés. Pour le prévenir, il ne faut point toucher à l’ordre établi, ce serait porter le trouble dans les familles ; mais on pourrait ordonner qu’à l’avenir, après que les lots auraient été dressés par l’aîné des enfans ou son représentant i ils seraient tirés au sort, et défendre de morceler les champs et les prés, sauf à assigner une plus value en argent en cas d’inégalité dans la valeur des héritages. » Ces vœux ont reçu un commencement de satisfaction par le code civil, mais une grande partie du mal subsiste encore.

Le roi venait de rendre un édit pour faciliter les clôtures et soustraire le plus possible de terres cultivées à la servitude du parcours et de la vaine pâture. Le baron de Fisson, dont la parole avait d’autant plus d’autorité qu’il était conseiller au parlement en même temps que syndic-général, insista sur l’utilité de ces dispositions et proposa de les étendre à toutes les terres semées en prairies artificielles, ce qui a été fait par le code rural de 1791. Son opinion sur la nouvelle loi pour la liberté du commerce des grains mérite d’être citée. « Cette liberté, dit-il, est un bienfait pour la Lorraine comme pour toutes les provinces agricoles ; c’est le moyen de soutenir à une valeur à peu près égale une denrée de première nécessité, dont le prix règle tous les autres prix, et d’éviter ces baisses trop considérables qui ruinent les laboureurs et ces augmentations immodérées qui réduisent le peuple à l’extrême misère. L’exportation habituelle et illimitée est comme un fleuve qui s’écoule tranquillement, etc. »

Pour la formation des assemblées secondaires, la province fut divisée en douze districts, qui correspondaient assez exactement aux douze arrondissemens d’aujourd’hui ; l’assemblée provinciale montra pour ces assemblées secondaires autant de déférence que l’assemblée des notables en avait montré pour elle-même : aucune délibération un peu importante ne fut prise sans avoir consulté les districts.

Au nombre des membres de l’assemblée, élus en 1789 aux états-généraux se trouvait le comte de Custine, qui ne fut pas nommé à Nancy, mais à Metz. Après avoir toujours voté à l’assemblée nationale avec la majorité réformiste, il fut appelé en 1792 au commandement de l’armée du Rhin, et défendit bravement le territoire. On sait que, l’année suivante, accusé de trahison pour n’avoir pu délivrer Mayence, il fut condamné à mort et exécuté. Il avait pour aide-de-camp son fils, qui subit le même sort.

Le nouvel évêque de Nancy, M. de La Fare, qui devait présider à l’avenir l’assemblée provinciale, était le petit-fils de ce marquis