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potentats qui s’affaiblissent à vouloir conserver dans les cadres matériels de leur domination des tronçons de nationalités réfractaires.

L’Autriche notamment n’aurait-elle pas profit à s’inspirer dans l’avenir d’un tel exemple ? Elle ne ferait par là que confirmer la bonne opinion qu’elle donne déjà aux libéraux européens de l’honnête sincérité avec laquelle elle s’applique à la pratique des institutions constitutionnelles. Le discours que l’empereur d’Autriche a prononcé à la clôture de la session du Reichsrath a obtenu en Europe un véritable succès. Ce langage modeste, franc et ferme est bien de nature à consolider ces sympathies qui reviennent à l’Autriche libérale et régénérée, et auxquelles l’empereur François-Joseph a montré qu’il n’était point insensible. Il est malheureusement vrai que le discours impérial a dû une partie de son succès au contraste si curieux que forme la situation intérieure de la Prusse avec l’attitude de l’Autriche parlementaire. Tandis qu’à Vienne le souverain témoigne au parlement la plus grande confiance, pourquoi faut-il qu’à Berlin une obstination inhabile ait maintenu un si long malaise ? Le représentant d’une dynastie populaire, tel que le roi de Prusse, n’aurait que bonne grâce à céder à ce qui lui paraîtrait être même un préjugé de son parlement. Les chambres prussiennes vont se réunir au mois de janvier. Espérons que quelques bases de conciliation auront été préparées, et que la combinaison à laquelle M. de Bismark vient de faire allusion en répondant à une députation sera raisonnable et acceptable. Comment, avec une lutte flagrante de la prérogative royale contre la prérogative parlementaire, la Prusse pourrait-elle remplir le rôle auquel elle aspire au sein de la confédération germanique ? D’importantes et délicates questions de réforme du pacte fédéral vont passer du champ de la spéculation dans le domaine de la pratique. Ces questions sont posées à la diète même, qui devra les discuter dans peu de semaines. Les réformes proposées par les états secondaires et acceptées par l’Autriche sont timides sans doute ; mais elles poseraient le principe d’une représentation collective plus vivante de l’Allemagne. Comment la Prusse, qui les combat, pourrait-elle s’y opposer sans afficher un étroit égoïsme, si elle ne puise pas ses moyens de résistance dans une vue plus large et plus libérale des intérêts de la nationalité allemande ? Comment la Prusse pourra-t-elle être libérale à Francfort, si à Berlin le droit divin continue à faire échec au droit populaire ?

Le nouveau ministère italien dessine sa politique avec une louable netteté. Le premier besoin de l’Italie, son intérêt vital était de sortir des illusions et de l’équivoque où l’avait entretenue la précédente administration. Il fallait avant tout mettre une main énergique à l’organisation de l’ordre intérieur, établir avec force l’initiative du gouvernement libéralisée par son association avec la majorité parlementaire dans la vie intérieure du pays. C’est ce que le nouveau ministre de l’intérieur, M. Peruzzi, a vivement entrepris. Il s’applique surtout à la destruction du brigandage napolitain, et il faut espérer qu’il en viendra à bout. Au surplus le sen-