Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

récemment un document qui est un préliminaire intéressant à la prochaine session législative : nous voulons parler du nouveau rapport de M. Fould à l’empereur. L’objet même de ce rapport est de motiver une demande de crédits supplémentaires de 35 millions. Sur cette somme, les crédits exigés par l’expédition du Mexique s’élèvent à 24 millions. En somme, les frais de l’expédition du Mexique auront été pendant l’exercice de 1862 de 83 millions. La première observation à laquelle donnent lieu ces dépenses, c’est que, dans l’année même où a été résolue la réforme financière, l’expédition du Mexique est venue, avec ses surprises successives, entraver la première application du nouveau système de finances, qui avait paru d’abord devoir être le point de départ d’une nouvelle politique générale. Plus de crédits supplémentaires, tel était le programme. En effet, les crédits supplémentaires correspondant à des dépenses qui ne sont prévues ni au budget normal ni au budget extraordinaire, il y faut faire face avec des ressources prises en dehors des recettes régulières ; ces crédits ont donc pour résultat d’accroître le découvert et de charger la dette flottante. On voulait renoncer aux crédits supplémentaires, parce qu’une situation très difficile venait de montrer les dangers d’un découvert excessif, et que l’on avait jugé qu’il était temps enfin de mettre une limite à la dette flottante. Pour empêcher l’accroissement du découvert, on était amené à renoncer à l’emploi des crédits supplémentaires ; pour se passer de crédits supplémentaires, on devait, par une autre conséquence logique, réprimer en soi la fantaisie de ces entreprises extérieures où abondent les chances imprévues, et par conséquent où naissent des nécessités de dépenses qui viennent contrarier la régularité des budgets. Ce fut au milieu de ces bons sentimens et de ces belles résolutions, dont les esprits sensés étaient charmés, que l’on se lança pourtant dans l’expédition du Mexique. On voit aujourd’hui les premiers effets financiers de cette entreprise : elle a déjà coûté 83 millions pour une année… M. Fould estime l’excédant des recettes sur les dépenses pour l’exercice 1863 à 110 millions ; ces 110 millions sont mis de côté dans ses prévisions pour subvenir aux frais de l’expédition, mexicaine et aux dépenses imprévues. Ce n’est pas tout : sans le Mexique, avec un accroissement de revenu de 110 millions, on eût pu ou atténuer certaines taxes, ou éteindre une portion du découvert, ou mieux doter le budget extraordinaire, celui qui représente les dépenses de l’état qui ont un caractère reproductif et viennent en aide à l’accroissement de la richesse publique. Non-seulement les perspectives de la guerre du Mexique ne nous permettent point de faire rien de semblable, mais elles nous obligent à rogner les allocations du budget extraordinaire. Ce budget est de 121 millions pour 1863 ; M. Fould le réduit à 104 pour 1864. De même, si les dépenses du Mexique n’eussent point absorbé et dépassé ses ressources, le ministre des finances n’eût pas été contraint de présenter un crédit supplémentaire de 11 millions pour remboursement de primes à l’exportation des sucres.