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par les riches imposés, et, à moins que quelque mesure ne soit prise pour répondre aux exigences des neuf mois à venir, la charge des imposés deviendra en quelque sorte intolérable. Une taxe de 7 shillings par livre sterling et peut-être plus sera demandée, et peut-être sera-t-elle double pour les habitans riches. »


À la chambre des communes, des interpellations furent de nouveau adressées au président du board of poor law) et on lui demanda si, en raison de la détresse qui s’était déclarée dans les districts manufacturiers du Lancashire, il n’avait pas l’intention de présenter un bill autorisant les boards of guardians à faire des emprunts. Dans sa réponse, le ministre reconnut que, quoique les ressources de la taxe des pauvres ne fussent en aucune manière épuisées ou près de l’être, quoique jusqu’à ce moment aucune paroisse n’eût demandé à faire des emprunts, il y avait lieu de prendre cette proposition en sérieuse considération. Les derniers rapports reçus du commissaire spécial qui depuis dix semaines suivait attentivement les phases de la crise étaient moins favorables et montraient moins de confiance dans l’efficacité des dons volontaires et des secours provenant de la taxe des pauvres. La taxe était moins productive qu’en temps ordinaire, et les petits imposés, ceux qui vivaient surtout d’une vente de détail faite aux classes ouvrières, voyaient leurs ressources diminuer. Ils commençaient à sentir lourdement les charges de la taxe, et le ministre ne doutait pas que la chambre ne se prêtât à l’examen de toute mesure qui serait proposée pour porter remède à une telle situation.

Deux systèmes étaient en présence : l’un demandait des mesures promptes, l’autorisation accordée aux boards of guardians d’emprunter les sommes nécessaires, admettant même le cas où le gouvernement serait appelé à avancer les fonds ; l’autre système consistait à n’apporter aucun changement à la loi qui régit la taxe des pauvres. Parmi les nombreux articles qui composent cette loi, il en est un qui permet aux paroisses de faire peser sur les paroisses voisines une partie de leurs charges, lorsque celles-ci dépassent un certain chiffre, de sorte que de proche en proche les charges s’étendent à tout le comté, et peuvent même atteindre le royaume entier. Dans l’opinion des ministres, cette disposition suffisait, et au-delà, pour parer aux difficultés. La discussion fut vive : lord Palmerston s’opposait au système des emprunts ; M. Cobden au contraire trouvait injuste que les charges s’appesantissent sur le comté le plus affecté.


« Vous allez exempter le comté, qui est riche, lui répondait lord Palmerston, et faire peser toutes les charges présentes et futures sur les paroisses