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contraire l’industrie rurale qui produit la cire n’a été plus florissante. On peut s’en rapporter sur ce point aux détails donnés dans ses savantes leçons par un habile apiculteur, M. de Beauvoys, qui encourage de tous ses efforts cette sorte de culture spéciale. On peut consulter enfin les exacts relevés de nos douanes, et on y verra qu’en 1861 il ne nous a pas fallu moins de 600,000 kilos de cire importés de l’étranger pour compléter nos approvisionnemens. On trouvera les causes de cette anomalie apparente, si l’on songe que les fabrications nouvelles des bougies stéariques et de paraffine réclament le concours de la cire pour donner à leurs produits un poli plus doux et un point de fusion plus élevé. Ainsi les nouveaux procédés tournent à l’avantage des plus modestes branches du travail agricole, en même temps qu’ils favorisent, appliqués aux graines oléifères, un meilleur emploi de tous les produits des grandes exploitations.

Les graines oléifères nous ramènent à l’agriculture proprement dite. Il est une de ces graines qui offre un grand intérêt en ce moment, non tout à fait par l’huile grasse qu’on en extrait, mais par la matière textile qu’elle fournissait jusqu’à nos jours en plus grande abondance que l’ensemble des autres végétaux : on comprend que nous voulons parler de la graine du cotonnier enveloppée de ces filamens plus ou moins longs, et fins formés de cellulose presque pure, qui adhèrent, comme d’autres poils végétaux, à la surface corticale, et constituent les variétés des cotons commerciaux. La redoutable disette de cette matière première, qui n’alimente plus en proportion suffisante le travail dans les filatures et les ateliers de tissage depuis les effroyables développemens de la guerre américaine, cette disette, dont la funeste influence menace surtout d’une inactivité ruineuse la population ouvrière de la Grande-Bretagne, donnait un intérêt tout particulier à l’exposition dans le palais de Kensington des produits textiles envoyés des différentes parties du monde. Ces produits ont été soumis à un examen approfondi dans des conditions remarquables qui méritent de fixer un instant notre attention. La quatrième classe du jury international, dont j’étais vice-président, comprenait dans ses attributions variées l’étude des cotons bruts ; la section spéciale choisit pour rapporteur M. Barrai, et, voulant s’éclairer de l’avis des manufacturiers les plus compétens de Manchester, Liverpool et Mulhouse, en désigna plusieurs comme experts, notamment M. Jean Dollfus et M. Bazbey, membre du parlement. Était-il possible de développer la production cotonnière en diverses contrées au point de subvenir à l’énorme déficit dans les importations