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assimilation plus complète par les plantes, car la matière organique que le temps avait fait disparaître des coprolithes se trouve restituée sous la forme du tissu fibreux des os, désagrégé lui-même et rendu plus facilement soluble sous l’influence de l’acide sulfurique. Tel est aujourd’hui l’engrais commercial vendu sous le nom de superphosphate, engrais mixte, qui exige toutefois, pour produire les plus favorables effets, un sol assez largement pourvu de calcaire. C’est encore pour fournir à l’agriculture des phosphates plus rapidement assimilables qu’on a récemment imaginé de calciner dans des fours à réverbère les nodules ou débris fossiles venus des Ardennes et réduits en poudre, en y ajoutant un mélange de quelques centièmes de goudron. Par l’action du carbone ainsi divisé et partout présent, le phosphate de peroxyde de fer contenu dans ces nodules devient soluble, et peut, avec le phosphate de chaux qui l’accompagne, concourir avantageusement à la nutrition végétale.

Une autre méthode de préparation des engrais reçoit en ce moment une large application sur quelques points de la France : c’est le procédé de désinfection et de solidification simultanée des vidanges par la chaux. Les masses énormes de produits que, sous le nom de chaux animalisée, peut livrer une compagnie chaufournière de nos départemens de l’ouest doivent produire de bons résultats sur les terrains de nature à être améliorés par la chaux elle-même. Il est toutefois désirable que le prix de ce nouvel engrais commercial soit basé sur la richesse réelle en substances azotées et phosphates, et qu’on y fasse entrer en ligne de compte la valeur vénale de la chaux hydratée en excès. À cet égard, le commerce tout entier des engrais devrait suivre l’exemple de plusieurs manufacturiers, qui ne livrent leurs produits que sur analyse et avec garantie.

Un engrais déjà vainement signalé à nos armateurs occupe aussi de nouveau l’attention des agronomes : nous voulons parler des résidus, jusqu’à ce jour malheureusement négligés, des pêcheries maritimes. Les débris de poissons et de tous les animaux marins contiennent une énorme quantité de substances azotées, de phosphates calcaires et magnésiens, élémens puissans d’une vie végétale abondante. Il faudrait dessécher sur place ces débris, afin d’en rendre le transport plus facile et moins couteux ; il faudrait les diviser assez pour les disséminer également sur la surface des champs en culture. Cette dernière précaution est cependant inutile pour les plantes à demeure, comme les oliviers, les arbres et arbustes à fruits, les mûriers et les vignes. Il suffit, dans ce cas, de recouvrir de terre les débris déposés autour de chaque pied pour que, s’accomplissant spontanément, la décomposition donne à la nourriture de la plante les élémens minéraux désagrégés et la matière organique réduite en gaz, vapeurs ou