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en personnage nécessaire entre la reine et les partis, et, comme pour confirmer ce fait, le successeur de M. Pastor Diaz est un magistrat sans nulle signification, sans couleur politique, M. Aurioles, tandis que le ministère de la marine est échu à M. Ulloa, qui ne doit cette élévation qu’à la faveur du président du conseil, et que le ministère de l’intérieur reste entre les mains du marquis de la Vega de Armijo, également dévoué à la fortune du duc de Tetuan.

Cette situation n’est pas sans péril, en présence surtout d’une élection générale où toutes les passions vont s’agiter. Sans être décrétée encore, cette élection s’annonce déjà avec tous les caractères d’une lutte énergique où le gouvernement fera sans doute tout ce qu’il pourra pour avoir la victoire, et où les oppositions de toute nuance à leur tour combattront avec toute leur fougue, unissant vraisemblablement leurs efforts, acceptant tout pour vaincre, pour abattre le cabinet. En un mot, ce sera une lutte extrême, et c’est là véritablement le côté grave et dangereux de la situation actuelle de l’Espagne : c’est ce fait d’une personnalité, si vigoureuse qu’elle soit, suspendant en quelque sorte à son profit le jeu naturel des institutions, se posant seule en bouclier de la monarchie et la compromettant avec elle dans le conflit des opinions; c’est ce fait en présence duquel M. Rios Rosas, s’arrêtant un moment il y a un mois à peine, disait avec un sentiment trop alarmé, il faut le croire : « Aujourd’hui le bien n’est nulle part, et on dit : Il est vrai que nous sommes mal à l’intérieur et pire à l’extérieur; mais que faire? Irons-nous vers l’inconnu? Devons-nous risquer de tomber dans le chaos? — Je crois, moi, que nous ne pouvons être dans le chaos plus que nous n’y sommes, et que pour en sortir il faut un suprême effort, parce qu’aujourd’hui encore du chaos peut jaillir la lumière; demain il n’en pourra sortir qu’un autre chaos, et s’il est certain que les fréquens changemens de pouvoir tuent les gouvernemens et les partis, la persistance dans les situations mauvaises tue aussi les gouvernemens et blesse les pouvoirs. » Il n’est pas prudent de pousser les situations à ce point où des hommes passionnés peut-être, mais d’un esprit éminent et renommés pour leur fidélité à la .monarchie, font entendre de telles paroles.


CH. DE MAZADE.


BEAUX-ARTS.

HERCULE AUX PIEDS D’OMPHALE,
TABLEAU DE M. CHARLES GLEYRE.


Ce n’est pas la première fois que la Revue, signale au public le talent d’un peintre que nous ne connaissons guère à Paris que par son tableau du Soir, au musée du Luxembourg, et par une gravure, il est vrai très populaire.