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par récrit même de M. Casimir Perier, qui nous fait sentir avec plus de force que jamais tout le poids des charges financières imposées à la France.

Tandis que chez nous la discussion de l’adresse a rempli plusieurs séances du corps législatif, en Angleterre, où la liberté de discussion ne connaît pas d’entraves, le vote de l’adresse dans les deux chambres du parlement n’a occupé qu’une séance. Il n’a été question, dans un tournoi de paroles à armes émoulues, que de la politique à suivre à propos de la détresse du Lancashire, de l’attitude que l’Angleterre doit garder devant le grand différend américain, de la position qu’elle doit prendre en Chine, où l’on craint de provoquer un état de choses à peu près pareil à celui qui existe à Constantinople, et d’avoir bientôt un autre empire ottoman sur les bras. Le pays qui redoute le moins la discussion est celui même où les choses ont été discutées de la façon la plus simple et la moins oratoire. Il ne faut pas croire pour cela que les questions qui intéressent la grandeur et la fortune de l’Angleterre seront plus négligemment contrôlées et serrées de moins près dans le cours de la session. Au contraire : seulement, comme la discussion est d’usage et de droit quotidien, comme elle n’est pas fermée, ainsi que cela arrive chez nous, après quelques jours de liberté de la parole, nous allons voir chacun des détails de l’administration publique arriver à son heure, à son jour, à l’occasion propice, devant le grand juiy du parlement et de l’opinion nationale. L’opposition, qui par déférence pour la reine, semble craindre de produire un trop grand ébranlement, va livrer le combat au ministîère sur des questions en apparence secondaires, mais qui tiennent pourtant une grande place dans les préoccupations du pays. Nous voulons parler des questions qui se rattachent aux dépenses militaires : la marine et l’armée ; — c’est le point sur lequel le ministère prête le flanc. Exagération des dépenses, médiocrité ou impuissance des résultats, 400 millions de francs de dépenses annuelles de plus qu’au temps de sir Robert Peel, et une flotte et des canons dans lesquels on a moins confiance cependant qu’alors, voilà les deux bases des accusations portées contre le cabinet anglais. Notre collaborateur, M. Xavier Raymond, aux mois de juin et de juillet 1862, appelait ici l’attention publique sur cette singulière situation qui provient de résultats dont l’impuissance semble grandir en raison même de l’accroissement des dépenses. Ses études, qui ont été très remarquées en France, avaient produit de l’autre côté du détroit un effet réel ; elles défrayèrent l’an passé les derniers débats de la chambre des communes. Ceux qui portent quelque intérêt à ces questions si nouvelles de marine et d’artillerie, ceux qui veulent suivre les prochains débats du parlement anglais auront profit à connaître des aperçus auxquels les événemens et l’administration de lord Palmerston elle-même viennent de donner encore raison. On sait déjà que le budget présenté en 1863 à la chambre des communes apportera dans les dépenses militaires de l’Angleterre une réduction de plus de 100 millions, et il semble en outre que