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nute. Elle les reçoit par une bouche à l’état lisse, et, après avoir exercé la pression nécessaire, les rend par l’autre bouche avec un bord saillant qui protège la circonférence du futur souverain. Un homme ou un enfant suffit à la gouverner. Du marking room, les blanks voyagent alors dans l’annealing room, où ils s’arrêtent pour être recuits et amollis. Il faut en effet savoir que, dans l’état présent, ils briseraient le poinçon (die) plutôt que de se laisser jamais entamer par lui et par la force du balancier. Pour amollir ces pièces dures, on les place par rangées dans l’intérieur d’une grossière boîte en fonte assez semblable aux moules dont se servent les cuisiniers anglais pour faire cuire les pies (pâtés). Ces moules, contenant chacun deux mille huit cents pièces d’or, sont ensuite recouverts d’argile et introduits dans la bouche d’un des grands fours qui règnent sur toute l’étendue de la salle (annealing room). Devant un de ces fours se détachait la haute et imposante stature d’un ouvrier à barbe blonde, à membres cyclopéens, à figure grave et bienveillante, qui dirige cet ordre de travaux connus aussi sous le nom de pickling (maniage de l’or). Quand un de ces moules de fonte a été rougi au feu pendant vingt minutes, on le retire et on le jette tout ardent sur le plancher ; puis, quand il est un peu refroidi, on l’ouvre et on extrait les rouleaux de pièces sans effigie, qui n’ont plus guère maintenant cette belle nuance de soleil luisant auquel on reconnaît le roi des métaux. Il s’agit alors de faire revenir la couleur ; c’est une grande affaire, et, pour nous former une idée des moyens qu’on emploie à cet égard, il faut suivre les blanks recuits et mortifiés (annealed) dans le blanching room (salle à blanchir). Il n’est guère de maison anglaise, si pauvre qu’elle soit, où ne se trouve un wash house, chambre du rez-de-chaussée dans laquelle se font les blanchissages du linge. Là s’élève, à trois ou quatre pieds de terre, un copper, cuvier ou chaudière de zinc fixée dans une maçonnerie de brique sous laquelle s’allume un fourneau de charbon de terre. Cette construction domestique est en tout semblable à celle du blanching room, la chambre à blanchir l’or. Les pièces brûlantes sont d’abord plongées dans un bain d’eau froide qui les amollit, puis dans une solution d’acide sulfurique et d’eau bouillante qui les lave et leur restitue une belle couleur, enfin dans un second bain froid qui en écarte toute trace de sulfate de cuivre pouvant se former à la surface par suite de la combinaison de l’acide avec l’alliage. Après les avoir blanchies, on les emporte dans une salle voisine pour les sécher. On sèche l’or en le frottant et en l’agitant dans un crible avec de la sciure de bois chauffée sur des plaques de fer par un four approprié à cet usage, drying stove. Cette sciure, qui doit provenir du hêtre ou du buis (aucun autre bois ne produirait le même effet), agit sur les blanks mouillés