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en 1860. Seulement la taxe actuelle leur est bien plus onéreuse qu’un supplément de 30 ou 40 millions ajouté à l’impôt foncier : elle gêne beaucoup plus les transactions, suscite beaucoup plus de retard aux ventes qui souvent sont indispensables pour des partages, des liquidations ou autrement, et enfin elle pèse beaucoup plus sur la valeur des immeubles. La propriété aurait donc grandement gagné au change.


Quoique je sente bien tout ce qu’a d’imparfait l’appréciation qui précède de l’exposition de 1862, je dois clore ici mes observations, heureux si elles ont donné à quelques lecteurs le désir de se rendre compte, par un examen plus approfondi, de tout ce que l’industrie moderne recèle dans ses flancs d’élémens de bien-être pour la société et de puissance pour les états. Les études de ce genre ont pour effet de faire pénétrer profondément dans les esprits une opinion qui n’est pas suffisamment encore passée à l’état de conviction, à savoir que les conditions qui rendent l’industrie grande et prospère sont les mêmes qui font les grands états et les pays libres, que les législations considérées comme les plus avancées et les plus conformes à l’humanité sont les mêmes que réclame l’industrie pour être de plus en plus féconde, et à plus forte raison que les bonnes finances n’ont qu’un seul fondement possible, celui d’une industrie respectée et libéralement traitée.

Je ne terminerai pas sans exprimer le regret qu’il ne m’ait pas été possible de signaler ici un plus grand nombre d’exposans. Le nombre est grand en effet de ceux qui se sont distingués en apportant à la civilisation un contingent de produits meilleurs, plus commodes et à plus bas prix, et même des productions nouvelles ; mais de pareils services devraient être consignés ailleurs. On consacre sur des monumens les noms des guerriers qui se sont fait remarquer par des actions d’éclat, et l’on fait bien. Pourquoi n’aurions-nous pas dans quelqu’un de nos édifices des tables de marbre où, à la suite de ces concours périodiques, on graverait les noms des hommes qui auraient fait avancer les arts utiles, ou qui en auraient porté la puissance bienfaisante à un degré ignoré avant eux ? J’aurais voulu de même insister davantage sur tout ce que présente de saillant le travail des jurés. Ils ont procédé à l’accomplissement d’une tâche souvent ingrate, toujours laborieuse, avec un zèle infatigable et un dévouement que seul le patriotisme pouvait inspirer. Ils y ont montré un savoir et une expérience qui n’étonneront personne : la plupart étaient déjà bien connus du public pour l’étendue de leur science ou pour leur parfaite connaissance de la pratique des arts utiles. Les rapports qu’ils ont rédigés sont remplis