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Rouge, croissaient dans l’Océan-Indien jusqu’à 3,500 mètres environ. M. Gisborne fit choix d’un câble convenablement léger et résistant, dont la fabrication, confiée à la maison Newall, fut singulièrement soignée pour l’époque, et marqua un progrès notable sur les travaux antérieurs, quoiqu’elle n’ait pas atteint la perfection que l’on a réalisée depuis. Pendant la traversée d’Angleterre à Suez, on avait conservé quelques doutes sur la qualité de ces câbles, parce que l’isolement avait diminué; mais cet effet était dû à la chaleur extrême du climat, et l’on put constater une amélioration considérable dès que les conducteurs furent immergés. Cette amélioration se continua même pendant un mois après la pose. L’immersion de Suez à Cosseïr se fit sans incident remarquable, et le conducteur fut trouvé parfait sous le rapport électrique. Dans la section suivante, l’opération fut interrompue deux fois pour relever et supprimer des parties défectueuses. Cinq jours après l’opération, une perte se manifesta et s’accrut pendant un mois, après quoi elle resta stationnaire. Au point que les expériences assignaient à ce défaut, on avait bien constaté pendant la pose une légère avarie, trop légère cependant pour exiger une réparation immédiate. Le câble de Suakin à Aden avait, aussitôt après l’immersion, un défaut sensible, qu’on reconnut à 20 kilomètres d’Aden et qui fut promptement réparé. Il est bon de remarquer que ces divers défauts n’auraient gêné en rien les transmissions. On y remédiait sans retard, dans la prévision qu’elles pouvaient acquérir plus d’importance, et aussi parce que la compagnie n’aurait pas, sans cette réparation, accepté le câble de l’entrepreneur.

Les câbles de la Mer-Rouge sont, croyons-nous, les premiers auxquels aient été appliqués dans toute leur rigueur les essais électriques fournis par la science pour la mesure des résistances. MM. Siemens et Halske, savans ingénieurs allemands, chargés du contrôle électrique, ont exposé dans des mémoires très détaillés les méthodes qu’ils ont suivies et les résultats qu’ils ont obtenus. Ce sont de précieux renseignemens pour l’histoire de la télégraphie océanique, des leçons utiles pour tous, et un exemple que nous espérons voir suivre dans les opérations subséquentes. Malheureusement nous ne connaissons pas avec la même précision les variations d’isolement qu’éprouvèrent ces câbles lorsqu’ils eurent été abandonnés aux soins de la compagnie. Nous savons seulement que la ligne entière de Suez à Aden, qui donnait déjà des résultats financiers très fructueux, fut interrompue en février 1860. La section de Suez à Cosseïr avait été rompue par une ancre. Entre Aden et Suakin, des défauts graves s’étaient révélés, et le câble intermédiaire, dont on doutait d’abord, s’était maintenu seul en bon état. On fit les réparations les plus