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la Mer-Rouge. Cette autorisation affranchissait les concessionnaires de tout contrôle en ce qui concerne les employés et le secret des dépêches, et leur accordait en outre des terrains pour l’établissement des stations terrestres.

Cette concession fut vendue 375,000 francs à la compagnie du télégraphe de l’Inde et de la Mer-Rouge, qui se constitua en 1858 au capital de 20 millions de francs, divisé en 40,000 actions de 500 francs. M. Gisborne était ingénieur de la ligne; MM. Newall et compagnie furent les entrepreneurs. Le gouvernement anglais garantissait 6 pour 100 d’intérêt pour le temps effectif de l’exploitation. Néanmoins cette compagnie ne put réunir un nombre suffisant de souscripteurs, et elle réclama de nouveau l’aide du gouvernement, qui, malgré l’échec récent du câble transatlantique et en dépit des doutes que conservaient des savans estimables sur la réussite de ces grandes entreprises, accorda, sans conditions de réussite, une garantie d’intérêt de 4 1/2 pour 100 sur le capital entier pendant cinquante ans. Les actionnaires ne courant plus aucun risque, le capital put être promptement réuni. Quoiqu’il y eût à cette entreprise un grand intérêt politique, la presse anglaise a blâmé plus tard l’intervention financière du gouvernement, et surtout le mode de cette intervention, prétendant que la compagnie, n’étant plus stimulée par la nécessité du succès, devait négliger les conditions de réussite, et que l’appui indûment accordé à une compagnie devait arrêter les compétiteurs plus heureux ou plus habiles qui étaient disposés à s’engager dans la même voie. Ce n’est pas ici le lieu de discuter la question économique; mais nous sommes fondés à croire que les promoteurs de la ligne des Indes n’ont commis aucune de ces négligences impardonnables qui auraient justifié les reproches de la presse.

La ligne télégraphique d’Alexandrie aux Indes comprenait, telle qu’elle était projetée, les sections suivantes : — en Égypte, une ligne terrestre d’Alexandrie à Suez : longueur totale, 352 kilomètres ; — dans la Mer-Rouge, trois câbles : de Suez à Cosseïr, 472 kilomètres; de Cosseïr à Suakin, 877, et de Suakin à Aden, 1,164 (Cosseïr et Suakin sont deux stations sur la côte occidentale); — dans l’Océan-Indien, trois autres câbles : de Aden à Hellani, 1,328 kilomètres; de Hellani à Mascate, 899, et de Mascate à Kurrachee, 890. On voit que le tracé suivait la côte de l’Arabie, pour éviter les grandes profondeurs que l’on eût rencontrées sur un trajet direct d’Aden à Bombay par l’île de Socotora. A Kurrachee, on se rattachait au réseau indien.

Le développement total des câbles sous-marins était donc de 5,630 kilomètres. Les profondeurs d’eau, assez faibles dans la Mer--