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tueux qu’il fût, si l’on n’avait pas fait usage pour les transmissions d’une force électro-motrice exagérée, s’il n’avait pas été brûlé pour ainsi dire par le courant électrique employé à produire les signaux.

Les directeurs de la compagnie n’avaient pas perdu courage et voulaient recommencer sur nouveaux frais, parce qu’ils étaient instruits par l’expérience des précautions à prendre et des défauts à éviter; mais les actionnaires ne voulurent pas les suivre dans cette voie aventureuse. L’opinion publique était passée de l’excès de confiance à l’excès du découragement, et les plus éloquens promoteurs de l’entreprise ne purent réunir que quelques sommes insignifiantes qu’on leur donnait, dit l’un d’eux, par charité. On a récemment annoncé que la Compagnie transatlantique se reconstitue, qu’elle est en instance près des gouvernemens anglais et américain pour obtenir des garanties d’intérêt, et qu’elle compte sur les enseignemens du passé pour triompher des difficultés physiques de cet immense travail. Puissent les hommes intrépides qui sont à la tête de cette entreprise obtenir le succès du à leur énergique persévérance !

La ligne de la Spezzia à Bône par les îles de Corse et de Sardaigne, dont nous avons raconté l’histoire, appartenait à une compagnie qui se reconstitua en 1857 au capital de 3 millions de francs, capital augmenté depuis, et qui prit le nom de Compagnie pour l’extension des télégraphes de la Méditerranée. Elle se proposait de réunir entre eux les ports les plus importans de la Méditerranée : Malte, Corfou, Alexandrie, etc. Elle sollicita le secours du gouvernement anglais en faisant valoir à l’appui de sa requête que « les câbles sous-marins, une fois posés, sont si peu sujets à des accidens qu’on peut affirmer avec certitude qu’ils seront aussi bons après cinquante ans que le jour même de la pose. » C’était méconnaître étrangement les principes les plus élémentaires de la question; peut-être à cette époque pouvait-on encore se faire illusion.

Le gouvernement anglais accorda une garantie d’intérêts de 5 pour 100 sur le capital de 3 millions présumé nécessaire pour relier Cagliari à Malte et Malte à Corfou. Cette garantie était limitée à vingt-cinq années et au temps du travail effectif du câble. La compagnie avait reconnu les inconvéniens des câbles lourds à plusieurs conducteurs; aussi fit-elle choix pour ses nouvelles lignes d’un câble à conducteur unique, pesant 000 kilogrammes par kilomètre et n’ayant que 43 millimètres de diamètre total. L’immersion eut lieu en 1857 par une profondeur maxima de 3,500 mètres, et fut heureuse. Nous ne savons pas cependant quel était l’état électrique après la pose, et la compagnie paraît même avoir toujours ignoré la résistance que les fils offraient au passage de l’électricité, résistance qui fait la valeur réelle d’un câble. Ces deux lignes fonctionnèrent simulta-