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plus étendue, de la Mer-Rouge et de l’Océan-Indien obtinrent la même faveur. Les relations des compagnies avec le gouvernement étant purement financières, l’examen des projets télégraphiques resta dévolu au trésor jusqu’à la chute du cabinet Derby.

Lorsque lord Palmerston revint au ministère (1859), l’esprit public commençait à être découragé par les échecs successifs de toutes les lignes entreprises sous garantie de l’état. On remarquait avec étonnement que les lignes privilégiées avaient été moins durables que d’autres, par exemple celles qui relient les îles britanniques au continent, entreprises par les seules forces du crédit public. Sans tenir compte des différences d’étendue, de profondeur et de climat, on était tenté d’attribuer les échecs à l’imprévoyance du gouvernement ou à l’incurie des concessionnaires. Le chancelier de l’échiquier, M. Gladstone, fit transférer le contrôle des projets télégraphiques du trésor au board of trade (ministère du commerce). En présence de nouvelles demandes de garantie, ce département ne se crut pas suffisamment édifié sur l’avenir de la télégraphie pour engager plus avant la responsabilité de l’état, et il prescrivit une enquête sur la construction des lignes sous-marines. Le comité d’enquête fut composé de Robert Stephenson, du professeur Wheatstone, de M. Fairbairn, du capitaine Douglas Galton, de la marine royale, de MM. Stuart Wortley et Bidder, et s’adjoignit MM. C. F. Varley, Latimer et Edwin Clark et George Saward, membres de la compagnie transatlantique. Robert Stephenson étant mort sur ces entrefaites, le comité fut malheureusement privé des lumières de ce savant et habile ingénieur. Sous la présidence du capitaine Douglas Galton, il se réunit du 1er décembre 1859 au 4 septembre 1860, et consacra vingt-zux séances à interroger les électriciens, ingénieurs et marins dont l’expérience ou les travaux pouvaient éclairer tous les points de cette vaste question. Deux de ses membres, MM. Wheatstone et Fairbairn, et plusieurs autres savans poursuivirent, sur son invitation, des expériences précises sur la conductibilité électrique des diverses substances, sur la résistance mécanique des câbles et la composition chimique des matières employées. Le gouvernement anglais a publié les résultats de cette enquête, savoir : le rapport du comité, les procès-verbaux de ses séances et les expériences provoquées par lui, avec des mémoires, notes et rapports émanant d’autres ingénieurs. L’ensemble de ces documens forme un volumineux recueil in-folio de six cents pages d’impression, recueil un peu confus d’opinions souvent téméraires, souvent contradictoires, mais où l’on sent à chaque page que la science marche et que la lumière se fait.

Avant d’exposer l’histoire et les progrès de la télégraphie océa-