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Les machines s’introduisent à plus forte raison dans des travaux qui réclament une grande force matérielle, et qui pourtant jusqu’à ces derniers temps s’exécutaient de main d’homme. Ainsi, pour tailler la pierre destinée à la façade des édifices, les Américains du nord ont des machines qui expédient une grande quantité de besogne. Depuis peu, l’on fabrique mécaniquement, à la carrière de Marcoussis, des pavés destinés à la ville de Paris.


VII. — DES MESURES LEGISLATIVES ET ADMINISTRATIVES QUI POURRAIENT FAVORISER LE DEVELOPPEMENT DE L’INDUSTRIE NATIONALE.

Les observations éparses dans les rapports des membres du jury, qui en cela se sont conformés aux instructions émanées de la commission impériale, ont pour objet d’appeler l’attention du public et de l’autorité sur les mesures diverses qu’ils ont jugées propres à accélérer le mouvement de l’industrie et à la mettre en position de soutenir avec avantage la concurrence étrangère aussi bien sur les marchés du dedans que sur ceux du dehors. Je vais essayer de les résumer en y joignant quelques réflexions.

Les améliorations principales par lesquelles il est possible de venir en aide à l’industrie, de lui faciliter sa marche ascendante, et d’agrandir la puissance productive de l’homme et de la société, sont celles qui se rapportent : 1° aux voies de communication ; 2° aux institutions de crédit ; 3° à l’éducation professionnelle. Ce ne sont néanmoins pas les seules.

Voies de communication. — Dans le système des communications, les chemins de fer ont maintenant pris le premier rang ; ils ont reçu en France une vive impulsion du gouvernement impérial. Au 1er janvier 1848, la France n’avait encore à l’état d’exploitation que 1,821 kilomètres de voies ferrées ; elle en a 10,500 aujourd’hui ; une quantité presque égale est en construction, et les moyens d’exécution sont assurés. La construction du réseau français est très bien entendue ; le nombre des voyageurs et la quantité des marchandises qui s’y transportent sont considérables et s’accroissent toujours. On ne doit pas dissimuler cependant que le mode d’exploitation des chemins de fer français, par rapport aux marchandises, laisse à désirer ; à cet égard, une modification profonde est tout à fait urgente. Le service de la petite vitesse, auquel est-confiée la grosse masse des articles, est la partie faible du service de nos chemins de fer. Cette vitesse est en effet démesurément petite. Pour ce qui concerne les matières premières d’un vil prix, telles que les matériaux de construction, les minerais, la houille, le plâtre, une excessive lenteur n’a que peu d’inconvéniens : ce qui importe en pareil cas, c’est le bon marché du transport ; mais pour les matières premières