Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frappans et les plus neufs de notre temps ; plus que jamais la multiplication des pains sert à propager le sermon sur la montagne. La Providence veut bien se montrer sous cette forme ; ne la repoussez pas.

Quand les entrepreneurs du télégraphe transatlantique crurent avoir déposé dans les profondeurs de l’Océan le câble qui devait servir de lien électrique entre les deux mondes, la première dépêche qu’ils confièrent au nouveau messager fut celle-ci : Gloire à Dieu dans les hauteurs du ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! De même les voûtes de cet immense palais qui abrite en ce moment à Londres les produits de l’industrie universelle sont toutes couvertes d’inscriptions pieuses qui rappellent que la main de l’homme ne fait qu’accomplir l’œuvre de Dieu. Tel est en effet le véritable sens de cette forme nouvelle et décisive de l’antique croisade. Ce que n’ont pu faire des siècles d’efforts, soit par les armes, soit par la parole, l’industrie l’accomplit plus sûrement sous nos yeux. Par elle, les dernières chaînes tombent, les âmes s’affranchissent avec les corps, la pauvreté cède avec l’ignorance, l’égalité se fait. Par elle, la barbarie la plus lointaine se laisse vaincre, les déserts se peuplent, la foi se répand, le monde sauvage apprend à jouir des dons de la Providence et à bénir son nom. Hommes de peu de foi, qui croyez voir la mort où est la vie, reconnaissez le doigt tout-puissant, et à l’aspect de ces conquêtes pacifiques qui préparent le règne de la fraternité universelle annoncée par l’Évangile, répétez le cri de triomphe du chrétien : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat.


LÉONCE DE LAVERGNE.