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et de l’argent le plus important de la Savoie. Le gisement de Macôt atteint 26 mètres de puissance, et ne descend pas au-dessous de 8 mètres. On ne connaît pas en Europe de gisement plus riche. Le minerai donne environ 230 grammes d’argent sur 100 kilogrammes de plomb. Celui de Pesey est de la même teneur ; mais l’épaisseur du filon est bien inférieure.

Le cuivre ne forme pas de district spécial en Savoie. Il se trouve généralement associé aux autres minéraux, au fer, au plomb, à l’argent. Dans la grande couche ferrifère des Hurtières, il apparaît en rognons semblables à des corps parasites assez rapprochés les uns des autres vers la sommité de la montagne pour constituer de véritables filons soudés à ceux du fer. L’activité des Romains s’était portée sur ce métal, autrefois fort recherché, et les filons où il était seul ou associé en grande quantité sont épuisés pour la plupart. Il est permis toutefois d’espérer que les nombreuses traces signalées conduiront à la découverte de nouveaux gisemens inconnus des anciens. Une indication propre à diriger les recherches, c’est que le cuivre se trouve principalement sur le serpentin, espèce de roche éjective venue la dernière, qui a labouré de ses filons la chaîne des Alpes. La grande éruption serpentineuse a coulé sur le versant italien, dans la vallée d’Aoste, où sont situées les mines de cuivre qui furent exploitées par les Romains.

Le massif de Savoie renferme d’autres minéraux d’un ordre inférieur, mais non moins utiles que ceux dont je viens d’indiquer la distribution : ce sont les marbres, les calcaires asphaltiques, les carrières d’ardoises, les anthracites, les lignites et les tourbes. Comme les premiers, ils ont leurs régions géologiques : le lignite, résidu d’antiques forêts mortes surplace, et la tourbe, produit analogue de la décomposition de végétations inférieures, se rencontrent principalement dans les bas-fonds envahis par le marécage ; les anthracites sont au contraire concentrés dans les parties élevées, au nord-est, dans la Tarentaise et la Haute-Maurienne : ils y forment de vastes gisemens qui ont été à peine effleurés jusqu’à ce jour pour les besoins fort restreints de la localité. Les terrains ardoisiers sont très étendus aux abords des massifs de protogine ; on en retire sur plusieurs points des ardoises d’une qualité supérieure, qui peuvent résister pendant des siècles aux intempéries du rude climat de la Savoie. Les gisemens du calcaire produisant l’asphalte sont distribués dans les terrains de sédiment qui touchent au département de l’Ain, le long du Rhône, des Usses, du Fier et du Cheran. Ils étaient naguère l’objet d’une exploitation assez suivie : on ne comptait pas moins de quatorze concessions délivrées par l’administration sarde ; mais toutes ces exploitations sont abandonnées depuis qu’elles sont