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la Cochinchine allait être le théâtre fit ressortir l’excellent esprit des équipages : ceux qui avaient acquis depuis bien longtemps des droits à revenir en France n’en parlèrent plus. Chacun ne songea qu’à prendre une part dans les opérations qui allaient s’engager.

Woosung est une pauvre ville chinoise située au confluent du Yang-tzé et de la rivière de Shang-haï. Il avait été décidé en France qu’une partie de l’armée de Chine passerait sous les ordres de l’amiral Charner. C’est à Woosung que les préparatifs de l’expédition furent continués et arrêtés dans tous leurs détails de concert avec le général Montauban. Le général de brigade de Vassoigne commanderait les troupes du corps expéditionnaire, sous la direction supérieure de l’amiral commandant en chef. Les chasseurs à pied, les chasseurs d’Afrique, l’artillerie, le génie, l’intendance, fourniraient un effectif de 85 officiers, 1,303 hommes et 261 chevaux. Les îles Chusan seraient évacuées. Le détachement d’infanterie de marine qui les gardait rallierait Hong-kong. L’infanterie de marine, déjà placée sous le commandement de l’amiral, par suite d’un accord réciproque arrêté à Ta-kou, fournirait un contingent d’environ 800 hommes. Pour assurer les mouvemens des troupes et l’exécution des règlemens militaires dans les différens services, un chef d’état-major spécial était attaché au corps de Cochinchine[1]. Les services de campement, d’ambulance et de subsistance seraient surveillés par des comptables de la guerre placés sous les ordres d’un adjoint à l’intendance militaire. Le service de la trésorerie et celui des postes serait organisé d’une manière permanente à Saïgon. Un agent établi à Singapour aurait qualité pour recevoir les dépêches adressées d’Europe en Cochinchine.

Le corps expéditionnaire de Cochinchine se trouvait dès lors constitué. Un contingent de marins débarqués, dont les cadres étaient formés et qui montait à un millier d’hommes, une partie de la garnison de Saïgon qui ne se trouve pas comprise dans rémunération précédente, portèrent à plus de 4,000 hommes l’effectif de la petite armée de Cochinchine. C’était en effet l’image exacte d’une armée qui peut marcher, combattre, camper et combattre encore, bien différente de ces troupes débarquées le matin, obligées de rallier le soir leur point de départ, sous peine de ne pouvoir vivre.

L’expérience avait démontré l’utilité des portefaix chinois dans le nord de la Chine. Sous un climat brûlant, empesté par des fièvres putrides, les coulies devaient être encore plus utiles. On inclinait ainsi vers le système où l’on demande principalement aux Européens

  1. Le chef d’escadron d’état-major de Cools fut désigné pour remplir ce poste. Un capitaine d’état-major lui fut adjoint.