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LA
CAMPAGNE DE 1861
EN COCHINCHINE

Les succès de l’armée de Cochinchine en 1861 n’ont séduit ni même contenté l’opinion publique en France. Les noms des victoires de Ki-hoa et de My-thô sont à peu près inconnus. Bien des causes accessoires ont concouru à cette mauvaise fortune : un pays sans histoire, tributaire assez obscur du grand empire de la Chine, les idées fausses répandues sur les peuples de ces pays lointains, l’indifférence qu’ils inspirent généralement, d’autres circonstances encore qu’il n’est pas dans notre dessein de rapporter. Là cependant n’est pas la raison principale de l’obscurité où sont restées les guerres annamites ; un fidèle récit de la campagne nous aidera peut-être à découvrir la cause qui détourna des combats de l’Annam l’attention de la France. C’est après avoir exposé comment furent préparées, conduites et exécutées les opérations militaires en Cochinchine, que nous pourrons essayer de les caractériser, et montrer que, dans les limites mêmes où elle dut se renfermer, cette campagne ne fut ni sans résultats utiles, ni sans gloire.


I

La fuite précipitée de l’empereur Hien-foung à Zhe-hol, dans le fond de la Mantchourie, avait fait disparaître toute espérance de traiter avec le Céleste-Empire. De toutes les incertitudes que pouvait provoquer la marche en avant des armées franco-anglaises, la plus grande était l’embarras causé par cette résolution extrême. Le mois d’octobre 1860 venait de commencer, et l’avenir s’annonçait