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un mot, l’homme a acquis un nouveau degré de puissance productive qui est apparu sur toute la ligne, et même des nouveautés, considérables par leurs conséquences prochaines ou déjà acquises, ont fait leur apparition. Sous quelles formes ce progrès s’est-il montré particulièrement ? sur quels points est-il vraiment ostensible ? Il convient ici d’entrer dans quelques détails.

Perfectionnement de la machine à vapeur. — L’agent le plus éclatant de la puissance productive de l’homme dans l’industrie, la machiné à vapeur, s’est perfectionné, depuis un certain nombre d’années, de plusieurs manières. Parlons d’abord de la machine fixe, qui s’emploie aux usages les plus ordinaires et les plus fréquens.

On a trouvé le moyen de lui faire rendre le même effet utile avec une moindre consommation de combustible. On a introduit et porté à une haute perfection l’emploi de la détente variable de la vapeur dans le cylindre, ce qui contribue pour une grosse part à cette économie, et en outre donne pour ainsi dire de la souplesse aux mouvemens de tout l’appareil. On a rendu la machine moins volumineuse, plus facile à loger dans un petit espace, au lieu des sortes de halles qu’il y fallait jadis. La machine de Watt, qui eut un si grand succès et qui dans son temps le méritait si bien, avait son cylindre debout et se présentait avec un grand balancier ; elle était soutenue sur des colonnes de fonte qui lui donnaient un aspect imposant ; mais cette majesté coûtait cher. On fait aujourd’hui un grand nombre de machines à cylindre couché ou horizontal, et l’ensemble du mécanisme est ramassé sur un petit massif de maçonnerie. La machine de MM. Farcot, de Saint-Ouen, près Paris, semble être le meilleur modèle construit sur cette donnée. On a mieux entendu la construction des différens organes, et par exemple du piston, qui est un élément essentiel de la machine. Les chaudières sont meilleures, mieux disposées, et se dérangent moins. L’injecteur Giffard est une amélioration de détail qui est fort appréciée. En se perfectionnant ainsi, la machine à vapeur a baissé de prix dans une forte proportion. Il y a quarante ans, à Paris, une machine de 50 chevaux, système de Watt, aurait coûté, toute posée, avec ses fourneaux et sa cheminée, un peu plus de 100,000 francs ; aujourd’hui la machine de même force coûterait moins de 50,000 francs.

Un perfectionnement qui doit être cité ici a consisté à faire de la machine à vapeur un appareil non-seulement portatif, mais très mobile. Le point de départ de cette modification a été la machine dite locomobile, qui avait été imaginée pour les usages de l’agriculture : engin léger, assis sur des roues, qu’une paire de chevaux traîne aisément dans la plupart des cas. On la promène ainsi d’un lieu à l’autre, de ce champ-ci à celui-là. On fait la locomobile d’une puissance très bornée, de 2 à 5 chevaux communément, et le prix