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et surtout de nouveaux mécanismes, dont le plus remarquable est un appareil à force centrifuge appelé la turbine[1], la durée du raffinage a été réduite de telle sorte qu’aujourd’hui il n’y faut guère plus de jours qu’il n’y fallait de mois il y a cinquante ans.

La turbine des raffineries est une machine récente ; un progrès encore plus nouveau est celui qui a transformé l’étamage des glaces, non-seulement pour la forte adhérence de la couche métallique sur le verre, mais, ce qui est bien plus intéressant, pour la salubrité même de cette industrie, jusqu’ici fort dangereuse pour l’ouvrier. L’innovation a consisté à remplacer par l’argent le mercure allié à l’étain. Pour une glace d’un grand volume, l’ancien procédé, l’étamage, réclamait de cinq à six semaines, afin que 1er métal fût, autant que possible, fixé contre le verre. Aujourd’hui quarante minutes suffisent pour mettre sur la glace une double couche d’argent, qui y adhère bien mieux que l’amalgame d’étain, et qu’il n’y a plus qu’à recouvrir d’une couche de peinture à l’huile pour qu’elle soit inaltérable.

La traduction claire de tous ces progrès de la puissance productive, c’est le bon marché des produits.


VI. — DES PROGRES DE LA PUISSANCE PRODUCTIVE QUI SE SONT ACCOMPLIS DEPUIS LA DERNIERE EXPOSITION.

La période qui sépare une exposition universelle de la suivante n’est pas assez longue pour qu’il y ait nécessairement lieu de signaler, dans cet intervalle, des faits bien saisissans qui soient la révélation d’un accroissement considérable de la puissance productive et qui en fournissent la mesure. Entre l’exposition de 1862 et celle même de 1851, on n’aperçoit pas, au premier coup d’œil, de ces grandes nouveautés industrielles qui mettent aux mains de l’homme un large supplément de pouvoir créateur, telle que fut, à la fin du siècle dernier ou au commencement de celui-ci, la machine à vapeur de Watt, la première qui ait été vraiment perfectionnée, ou comme fut en 1830 l’application de la vapeur à l’art de transporter les hommes et les choses par l’invention de la locomotive de Stephenson, car c’est la locomotive qui fait la vertu du chemin de fer. L’industrie humaine cependant n’a point été stationnaire, à beaucoup près, depuis 1851 ni depuis 1855. Dans la plupart des branches, elle fait mieux pour la même dépense de force vive, ou, ce qui revient au même, elle fait aussi bien pour une dépense moindre. En

  1. Le sucre cristallisé menu, mêlé au sirop, se place dans la turbine qui tourne avec une vitesse de 1,400 tours par minute. Les matières liquides sont expulsées par la força centrifuge, et le sucre reste ; il n’y a plus qu’à le dessécher dans une étuve. Cet appareil, qui a fait une révolution dans l’art du raffineur, est dû à MM. Rohfs et Seyrig.