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traînant des emprunts périodiques et enflant par une progression continue notre dette consolidée. En une année, avec un meilleur ordre, par un effort énergique, en recourant à des expédiens habiles et hardis, on a sensiblement modifié ce fâcheux aspect des choses.

Regardons d’abord aux faits. Grâce à l’unification de la dette, à la conversion facultative, aux sonnantes espèces ramassées par la soulte miraculeuse, le découvert a été ramené de 1 milliard 24 millions à 867 millions. Le chiffre est gros encore, et nous ne sommes pas de ceux qui en prennent leur parti sous le fallacieux prétexte qu'il est nécessaire et qu’il est bon qu’un état comme la France ait une grande dette flottante. Nous convenons cependant que les ressources de la dette flottante, qui ont pu supporter un déficit de plus d’un milliard, doivent se trouver soulagées quand elles n’ont plus à soutenir qu’un découvert de 867 millions. Voilà pour les legs du passé ; quant au présent, il s’offre à nous sous la forme du budget de 1862. Ce budget était d’une nature toute particulière ; il avait été conçu et voté sous le régime ancien, dans le bienheureux temps où l’on laissait la dépense et la recette s’aligner au petit bonheur, où l’on puisait sans compter dans les crédits supplémentaires et extraordinaires comme dans la bourse de la fortune, alimentée par l’accroissement du revenu ou la négociation de la signature du trésor ; il devait pourtant se réaliser sous les auspices du régime nouveau, qui a la prétention et le devoir de ne rien abandonner à l’imprévu. C’était donc par excellence un budget de transition. Pour le replâtrer à la nouvelle mode, force a été de le rectifier. Malheureusement on ne pouvait le rectifier complètement que du mauvais côté, du côté de la dépense, qu’il était à la fois nécessaire et facile de prévoir. Du côté des ressources, comme les impôts nouveaux n’ont été applicables qu’au second semestre, la rectification était imparfaite, le budget de 1862 ne pouvait être remis sur ses pieds que par l’imprévu des ressources extraordinaires. Ces ressources, M. Fould nous en donne la bonne nouvelle, n’ont point fait défaut. L’insuffisance à laquelle il s’agissait de pourvoir n’était pas inférieure à 195 millions. L’accroissement normal des revenus indirects et l’accroissement de ces revenus par l’application des nouvelles taxes au second semestre fournissent 57 millions ; la seconde annuité de l’indemnité chinoise donne 10 millions. Nous avions une vieille créance sur l’Espagne ; pour apprendre à ce pays, novice en éducation financière, que l’on s’enrichit en payant ses dettes, nous lui avons donné quittance contre 25 millions. Il nous restait un reliquat d’anciens emprunts et de consolidations de la dotation de l’armée, 42 millions, jolie somme, qui, dans la bouche altérée de la finance italienne, formerait un beau residuo attivo. L’exercice de 1862 en fera son profit. On gagnera pour l’exercice 35 millions au nouveau mode de paiement des arrérages du 3 pour 100. Voici comment : autrefois, quand ces arrérages se payaient par semestre, le trésor avait à payer le 22 décembre 70 millions aux porteurs de 3 ; aujourd’hui les paiemens se font par trimestre : la moitié de cette somme sera payée le 1er octobre, l’autre