Si le rapport présenté à l’empereur par M. Fould sur la situation générale
de nos finances avait la vertu de ramener l’attention salutaire du public
vers les questions financières, nous en serions enchantés. Ce document, très
sobre dans la forme, mais au fond très substantiel, nous apporte des informations d’un grand intérêt. Les principales données de notre situation
financière y sont très nettement exposées, et comme le ministre y trouvait
l’occasion d’indiquer pour la première fois les résultats du système inauguré
cette année, ce rapport est digne aussi d’attention au point de vue
politique.
Nous le dirons franchement, les ressources financières de la France sont si abondantes, elles se développent par un progrès si constant, que c’est pour nous une vraie douleur d’amour-propre que de voir parfois l’insouciance du public, la facilité des chambres, l’entraînement du pouvoir conduire les choses à tel point que nous paraissions avoir des finances embarrassées, il ne peut pas y avoir pour la France de difficulté plus gratuitement provoquée que celle des finances. L’expérience de ce qui se passe depuis une année le démontre une fois de plus. Il y a une année, à pareille époque, ce fut notre triste devoir d’appeler l’attention du gouvernement et du public sur les périls que faisait courir à la France la négligence des questions financières. Nos avis furent, sur le moment, fort désagréablement récompensés ; mais ils ne tardèrent pas à recevoir une sanction éclatante dans le grand mémoire de M. Fould qui fut la préface du nouveau système financier. À cette époque, le découvert du trésor dépassait 1 milliard : on pouvait prévoir que l’exercice de 1862 ajouterait à cette somme 200 millions, et que, si l’on suivait les anciens erremens, l’équilibre du budget de 1863 ne serait qu’une illusion. De là, si l’on ne mettait promptement la main aux finances, une déplorable perspective de dettes flottantes démesurées, devenant une cause d’inquiétude et de gêne pour le marché financier, en-