Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ROME

ET SON NOUVEL HISTORIEN


L’Histoire romaine à Rome, par M. J.-J. Ampère ; 2 vol. in-8o. Paris 1862.

Au pied de ce dernier rameau des Apennins qui s’étend du Soracte à Tibur, un sol volcanique s’est soulevé avant les temps historiques, et une plage mamelonnée a émergé du sein de la mer, dont elle est aujourd’hui séparée par un large rivage. Sur les collines de cette région, divisée par un cours d’eau, l’antique Albula, qui devait plus tard s’appeler le Tibre, bien des peuplades ou tribus diverses ont passé avant de former une nation et de s’appeler les Romains. Les premiers et sauvages habitans des monts et des forêts avaient appris un jour à labourer ; des Grecs peut-être, débarqués sur cette côte inconnue, leur avaient enseigné l’agriculture, dont la naissance inaugure en toute contrée le véritable âge d’or. C’est l’époque où cette terre, destinée à tant de noms différens, a été la terre de Saturne (Saturnia tellus). L’âge de Saturne est le temps où l’on commença à semer (sator) ; la faux de Saturne est l’instrument des premières moissons. Que Saturne soit le maître, le roi, le dieu ou simplement le nom d’une époque, le monument de Saturne, temple, autel, palais, chaumière, centre de la bourgade des premiers colons, s’élevait au bas d’un tertre pierreux, le mont Saturnien. Ces colons occupaient le territoire du Latium, et ils-étaient le peuple latin. Une tradition presque universelle dans l’antiquité fait toujours dériver du nom d’un homme celui d’un peuple ; aussi cet âge agricole est-il le règne de Latinus :

......Rex arva Latinus et urbes
Jam senior longa placidas in pace regebat.