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CAMPAGNE
DE
L’ARMÉE DU POTOMAC
— MARS-JUILLET 1862. —

Les événemens militaires se succèdent rapidement en Amérique, et le public les suit avec une attention d’autant plus inquiète qu’il ne les comprend pas bien toujours, faute de connaître l’organisation des armées américaines, le caractère des chefs et des soldats, faute surtout d’avoir pu recueillir sur ces mémorables luttes les souvenirs d’observateurs compétens et mêlés eux-mêmes à l’action. Les pages qu’on va lire répondront peut-être à une curiosité si légitime ; elles résument et coordonnent les notes d’un officier qui a pris part aux derniers combats de la Virginie, et qui ne cesse pas de suivre les grandes opérations de guerre sur lesquelles il nous donnera sans doute de nouveaux détails, car notre tâche s’est bornée à réunir et à grouper les impressions, les souvenirs épars dans de nombreuses lettres et dans le journal même de cet officier.


I.

À mon arrivée en Amérique, la toile venait de tomber sur le premier acte de l’insurrection sécessioniste. L’attaque du fort Sumter par les gens de Charleston avait été le prologue ; puis était venu le désastre de Bull’s Run. L’armée du sud campait en vue de Washington. On se hâtait d’élever autour de cette capitale des ouvrages de défense. Le canon grondait de temps en temps aux avant-postes. Au milieu de ces émotions, l’armée du Potomac prenait naissance.