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que suivent à quelque distance MM. Brown, Brett, Hughes et Martineau, dont on regarde avec plaisir le Dernier Jour dans la vieille maison. N’est-il point inutile de discuter ici les idées de cette école, qui rejette les gloires de la renaissance sous prétexte de ne s’attacher qu’à la nature ? Il suffira de dire que l’influence des pré-raphaélites, hommes après tout de conscience et de vigueur, a été utile en précisant davantage les contours, en donnant un soin minutieux à l’exécution des détails, en faisant disparaître cette espèce de brume qui couvrait avant eux certains tableaux des peintres anglais.

L’exposition de 1862 donne une idée assez complète de l’état de la peinture dans la Grande-Bretagne ; mais c’est ailleurs qu’il faut chercher les conditions dans lesquelles se développent les artistes. Il existe à Londres une Académie royale qui fut fondée en 1768, et dont Josuah Reynolds fut le premier président. Cette académie siégeait d’abord dans Saint-Martin’s-Lane ; George III lui donna ensuite des appartemens dans Somerset-House ; depuis 1834, elle a été transférée à Trafalgar-Square. Le caractère de cette institution est assez indéterminé. Appartient-elle à l’état ? Oui et non. Elle occupe bien un monument public ; son président est par le fait directeur du British Museum et de la National Gallery ; plupart de ses officiers sont payés par la nation, et ses écoles se trouvent soutenues par la bourse des contribuables. Cependant elle se gouverne elle-même, ses membres jouissent d’une parfaite indépendance, et le plus clair de ses revenus dérive d’une exposition annuelle des peintres vivans, pour laquelle chaque visiteur paie un droit d’entrée (1 shilling), et qui rapporte des sommes considérables. On peut donc dire que c’est une institution demi-publique et demi-particulière. On lui appartient à trois titres et à trois degrés bien différens : comme élève, comme associé ou comme académicien. Les académiciens sont au nombre de quarante, et se renouvellent par l’élection. Les associés, au nombre de vingt, sont choisis parmi le corps des artistes qui ont exposé leurs ouvrages avec le plus de succès. Les élèves ne sont reçus qu’après avoir envoyé un spécimen de leur savoir-faire. Si ce spécimen est approuvé du conseil qui représente le pouvoir exécutif de la société et qui se compose de neuf membres, y compris le président, le candidat se trouve admis à titre d’épreuve, c’est-à-dire pour trois mois. Durant ce temps-là, il doit produire de nouveaux ouvrages sous les yeux des officiers, et si ses progrès sont jugés