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UN PROJET
DE MARIAGE ROYAL

ETUDE HISTORIQUE.

TROISIEME PARTIE.


I.

Les grands hommes ne sont pas exempts des petites passions : elles apparaissent trop souvent, dans leur âme et dans leur vie, actives et influentes, quoique se cachant et comme honteuses d’elles-mêmes; mais les petites passions n’étouffent point dans ces héros de l’histoire les grandes pensées, les desseins d’intérêt général, les résolutions hardies, les volontés fortes. Leur âme s’élève ou s’abaisse, se déploie ou se déguise tour à tour, et l’on assiste, en les suivant, au spectacle tantôt des gloires, tantôt des petitesses, et quelquefois des hontes humaines. L’âme et la vie des personnages médiocres et subalternes dans des situations hautes n’offrent point d’alternatives semblables; les petites passions, les desseins étroits et purement personnels y dominent seuls. Le pouvoir est déplacé en de telles mains, et la grandeur des intérêts dont elles disposent est dans un contraste choquant avec la bassesse des idées et des sentimens qui les font agir.

Cette inégalité native des personnages historiques et ses conséquences ne sont peut-être nulle part plus frappantes que dans l’épisode du mariage royal que je retrace[1]. La scène s’est ouverte par

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 1er août.