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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre 1862.

Un nouveau journal qui, suivant le mot pittoresque d’un de ses confrères et rivaux en service officieux, met le feu aux questions pour appeler sur lui l’attention du public, — le même qui fait tant d’efforts pour immobiliser à Rome la politique impériale, — vient de porter sa torche sur une question nouvelle : il annonce que la dissolution du corps législatif serait décidée, et que les élections générales auraient lieu à la fin d’octobre. Nous voudrions que cette nouvelle fût vraie, nous ne croyons pourtant point qu’elle soit exacte ; nous allons dire nettement les raisons de notre désir et les motifs de notre incrédulité.

La question romaine n’est pas seulement en ce moment la plus difficile de nos affaires extérieures ; elle est, suivant nous, la plus haute et la plus vaste de nos affaires intérieures. Elle est arrivée, de l’aveu de tous, à un tel degré de maturité que la solution n’en peut plus demeurer indéfiniment ajournée sans que la politique de la France soit exposée aux plus tristes embarras et à une insupportable confusion. C’est comme question extérieure qu’elle est devenue si pressante ; c’est par l’influence que, résolue d’une certaine façon, elle peut exercer sur l’organisation du culte de la majorité des Français qu’elle devient une question intérieure d’une importance formidable. La solution de la question romaine dans son double caractère doit avoir les conséquences les plus graves.

Voici comment elle se pose au point de vue de la politique extérieure. La capitale que l’Italie s’est moralement donnée par les traditions de son histoire, par l’initiative de son gouvernement et de son parlement, par le sentiment instinctif de ses peuples, par les fougueuses impatiences de ses partis révolutionnaires, par les délibérations réfléchies de ses hommes d’état conservateurs, cette capitale, Rome, est militairement détenue et en quelque sorte dérobée à l’Italie par la France. Resterons-nous à Rome sans fixer de terme à notre occupation, arbitrairement, indéfiniment, ou en sor-