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voie sur une autre, etc. Viennent ensuite, parmi beaucoup d’autres variétés, de nouveaux systèmes de chasse-neige qui s’adaptent sur chaque rail à l’avant du train, et dont la fonction est d’une importance capitale en hiver dans les régions du nord et dans les pays de montagnes[1]. Viennent enfin des appareils de pesage et divers modes assurant la sécurité de la marche. Sous leur forme la plus savante, les instrumens de pesage servent à régler la suspension des locomotives, c’est-à-dire à déterminer mathématiquement le poids supporté par chaque essieu, par chaque roue, de même que le poids total de l’appareil. Dans les constructions de ce genre, la supériorité de la France est incontestable. Elle l’est également dans cet ordre de recherches concernant les moyens de sûreté qui paraissent de voir occuper longtemps, encore l’esprit des inventeurs, et qui embrassent d’une part les freins destinés à arrêter la ; marche, d’autre part les signaux pour donner au loin îles avertissemens relatifs à la circulation Les indications fournies par l’exposition universelle sur ce double sujet ne font guère que reproduire des données déjà connues. Cependant un mode d’arrêt des convois, que l’auteur[2] nomme embrayage électrique, et qui a motivé des expériences sous les yeux des ingénieurs de l’état, se distingue par quelques traits nouveaux ; mais il faut qu’on sache avant tout que l’embrayage en général, c’est la résistance, c’est l’arrêt. Ainsi dans une usine il y a embrayage quand on suspend le jeu d’un ressort mis en action par e moteur principal, pendant que ce moteur continue à fonctionner. Pour agir sur les roues, le nouveau procédé ne change rien aux freins actuels ; il se sert seulement, pour les mettre en œuvre, d’un courant électrique facile à établir ou à interrompre, et dont la direction est concentrée dans les mains du mécanicien. L’action électrique se produit, au moyen des fils conducteurs, sur une chaîne adaptée aux essieux des roues à freins ; mais c’est la force même de la rotation de ces roues qui, en tendant de plus en plus la chaîne, opère la pression voulue, si bien que toute action cesse d’elle-même dès que les roues cessent de tourner, c’est-à-dire dès que le but est atteint. S’il nous faut ajouter que les épreuves faites jusqu’à présent ne paraissent pas encore suffisantes pour consacrer la valeur pratique du procédé, elles attestent du moins le caractère ingénieux de la conception.

Cet esprit inventif dont nous parlions au début, nous l’avons donc effectivement retrouvé vivant, en quelque sorte dans tous les éléments épars. de l’exposition ; des chemins de fer. Il y apparaît sous mille formes ; il s’y révèle dans les détails cachés comme dans les

  1. Un chasse-neige exposé par la compagnie des chemins de fer autrichiens semble réunir toutes les conditions d’un bon service.
  2. M. Aug. Achard.