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ou plutôt de la sociabilité de l’Orient. C’est un tribut que lui paie l’art européen. Prenons-y garde toutefois, cette sociabilité, qui, depuis les premiers temps de l’histoire, se résume en ces deux termes, extrême magnificence et extrême dénûment, n’échappera pas à l’action nivelante des chemins de fer, s’ils réussissent jamais à entamer un peu largement le monde oriental. Pour le moment, la somptueuse installation égyptienne reste un fait isolé sans. portée ; elle ne saurait fournir du reste aucun germe utile à la transformation qui s’annonce.

De l’examen des divers systèmes figurant à l’exposition, l’on peut tirer cette conséquence, que le point de départ d’une architecture nouvelle, on doit le chercher dans une étude attentive, libre de tout préjugé et de tout parti-pris, du système américain. Entre les constructeurs des États-Unis, qui ont tant osé en cette matière, et les constructeurs européens, qui sont restés dans la voie tracée des l’origine, il y a un terme moyen qui doit permettre de tenir compte, de nos habitudes sociales, tout en faisant une plus large part à l’agrément et à la facilité des voyages.

Les wagons destinés aux marchandises soulèvent moins de difficultés ; ils fournissent matière à moins de controverses. Le perfectionnement consiste ici dans toute combinaison pouvant concourir à rendre le transport plus sûr, plus facile, moins coûteux. Les simplifications de tout genre répondent à l’intérêt le plus immédiat, le plus clair des compagnies. Un exemple donnera une idée des transformations qui se peuvent produire dans cette section du matériel. Cet exemple nous est fourni par un wagon d’un genre nouveau pour le transport des liquides de toute nature, faisant partie de l’exhibition française et désigné sous le nom de wagon citerne. C’est en effet une sorte de citerne en tôle d’une capacité de 10 mètres-cubes, ne pesant pas plus qu’un wagon ordinaire, et facile à remplir et à vider. Le faite est disposé de façon à recevoir au besoin des marchandises légères plus ou moins encombrantes. Supposez le véhicule en marche, et vous pouvez vous le figurer partant de Bordeaux rempli de vin, prenant à Paris une surcharge d’articles-légers, comme les articles de modes, et se rendant alors en Russie, d’où il pourrait rapporter au retour les blés des provinces occidentales de l’empire. Cette citerne portative se prêterait à d’autres applications sur lesquelles l’expérience prononcera. Pour notre part, nous n’y avons cherché qu’un indice des formes que peut revêtir l’esprit d’invention dans la seconde branche du matériel des transports.