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LES
CHEMINS DE FER
A L'EXPOSITION DE LONDRES

Chacune des grandes expositions universelles qui se sont succédé depuis 1851 nous a révélé des progrès considérables dans l’industrie des chemins de fer. Jamais toutefois l’importance de cette puissante industrie ne s’était manifestée avec plus d’éclat qu’à l’exposition universelle de 1862. Un des caractères de cette solennité, c’est même d’avoir été favorisée plus qu’aucune autre par le développement du réseau européen. Il y a quelques années encore, l’état des voies de communication n’aurait point permis d’étendre, efficacement au-delà d’un périmètre restreint les appels adressés à la production. On le reconnut bien en France quand se présenta la question de l’admission des produits étrangers à l’exposition de 1849. L’objection principale, l’objection décisive aux yeux des hommes pratiques, ce fut l’inachèvement du réseau européen ; cette explication, trop ignorée jusqu’à ce jour, appartient à l’histoire industrielle de notre époque. L’Angleterre, en 1851, trouvait déjà le réseau notablement plus développé[1] : il permettait désormais aux produits des régions industrieuses de l’Europe continentale de s’acheminer sans peine vers les ports où ils devaient, être embarqués pour Londres. D’un autre côté, toutes les grandes lignes de l’Angleterre et de l’Écosse, achevées dès ce moment-là, facilitaient l’accès de la capitale à ces flots de population qu’on vit accourir avec un empressement si remarquable sous les galeries de Hyde-Park. La

  1. Au commencement de l’année 1848, le nombre de kilomètres de chemins de fer exploités en Europe était de 14,116, et de 17,542 au commencement de l’année 1849. Le chiffre était monté à 24,239 kilomètres au 1er janvier 1851.