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LA
COLLECTION CAMPANA

Depuis que nous savons, par quelques mots du Moniteur, que la collection Campana ne sera pas érigée, comme on le pensait d’abord, en musée spécial et indépendant, qu’on ne lui bâtira pas un palais, et qu’elle ira tout simplement se fondre dans les galeries du Louvre, remarquez-vous comme on en parle moins ? Jusque-là c’était un enthousiasme qui ne pouvait se contenir, et dont pendant trois mois tous les journaux, le Moniteur en tête, nous envoyaient l’écho chaque matin, D’où vient le calme d’aujourd’hui ? Pourquoi cette froideur subite ? Tout ce concert d’admiration n’était-il donc qu’un plaidoyer, et parce que la sentence est rendue, les avocats n’ont-ils plus rien à dire ? ou bien serait-il vrai, comme ils l’annonçaient tous, que le principal intérêt de cette collection était dans son autonomie, que diviser cet harmonieux ensemble, rompre ce précieux faisceau, c’était nécessairement diminuer la valeur non-seulement de la collection même, mais de chacun des objets dont elle est composée ? Si tel est en effet le résultat probable du parti qu’on a pris, nous nous joignons à ceux qui le déplorent, et nous comprenons leur silence ; mais ces craintes sont-elles vraiment fondées ? Nous avons sur ce point quelques doutes. Essayons de les éclaircir pendant qu’il en est temps encore, pendant que nous avons devant nous la pièce du procès, la collection dans son intégrité et son indépendance, telle qu’on voudrait la maintenir. Soit simple curiosité, soit, si l’on veut esprit de contradiction, c’est depuis qu’on ne dit plus rien du musée Campana que l’envie nous vient d’en parler.

Il est vrai que nous ne commençons pas à nous en occuper seulement d’aujourd’hui. Voilà déjà longtemps que l’acquisition par la France de ce magnifique amas de trésors archéologiques était notre