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principale industrie du pays, se releva de l’abaissement qu’elle avait éprouvé pendant la période antérieure. La plupart des guérillas se soumirent, et je n’avais pas manqué de faire remarquer qu’il n’en restait plus que quelques-unes, sous la conduite de Guerrero, dans l’asile impénétrable que leur offraient les montagnes de la Tierra-Caliente, au sud du pays. Quant aux termes dans lesquels le comte du Venadito informa de ces résultats heureux le gouvernement de la métropole, j’ai pu les trouver excessifs, sans rabaisser pour cela les mérites du vice-roi.

Il est un autre point sur lequel porte la réclamation du petit-fils du vice-roi. M. de Apodaca s’était-il proposé, d’accord avec Ferdinand VII, d’organiser un mouvement contre la constitution des certes après qu’elle eut été proclamée une seconde fois au Mexique, de même qu’en Espagne en 1820, afin d’offrir un asile à Ferdinand VII, dont la couronne était fort compromise dans la Péninsule? et le corps d’armée qu’il avait placé sous les ordres d’Iturbide avait-il cette mission? Deux historiens l’ont dit, M. Ward et M. Lucas Alaman. Ce dernier ne laisse pas ignorer cependant que la famille Apodaca repousse cette assertion, et qu’elle soutient que la lettre écrite à cet effet par Ferdinand VII au vice-roi ne parvint pas à sa destination. C’est un sujet sur lequel la discussion de l’histoire reste ouverte. Un royaliste zélé comme l’était M. de Apodaca ne se serait pas déshonoré par une pareille tentative. D’une part il était très permis de prévoir le cas où Ferdinand VII s’estimerait heureux de s’enfuir de la Péninsule, et d’autre part il y avait toute raison de croire que le régime de la constitution de 1812 ferait perdre le Mexique à l’Espagne. Attaché comme il l’était à son souverain, et avec le désir qu’il éprouvait naturellement de conserver le Mexique à l’Espagne, le vice-roi Apodaca a pu former le dessein de parer à ces deux événemens en préparant un trône pour Ferdinand VII à Mexico.

Nous n’éprouvons aucune difficulté ni aucun embarras à reconnaître que le vice-roi Apodaca a laissé dans sa patrie des souvenirs fort honorables. On citait ses opinions avec honneur cette année même à la tribune du congrès espagnol. Sa ville natale, Cadix, a donné son nom à une de ses principales promenades, et par un décret de 1852 il a été décidé qu’il y aurait toujours dans la marine royale un navire portant ce nom. Nous sommes heureux de constater tous ces témoignages de respect rendus spontanément à la mémoire du comte du Venadito, surtout si sa famille doit voir dans cette constatation l’expression de l’opinion que nous nous sommes faite de cet ancien dignitaire.


MICHEL CHEVALIER.


V. DE MARS.