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LE
ROI GEORGE DE PODIEBRAD
EPISODE DE L'HISTOIRE DE BOHEME

II.
LA LUTTE DU ROI DE BOHÊME ET DU SAINT-SIEGE.


I

La Bohême avait élu son roi ; ce n’était que la moitié de sa tâche. Ce roi, désigné aux vœux de la patrie par de si sérieux et de si éclatans services, était sorti des rangs du peuple. On l’avait préféré aux parens du souverain qui venait de mourir, à l’empereur, au roi de Pologne, au duc de Saxe, aux électeurs et aux margraves, à toute cette féodalité germanique aussi avide que hautaine ; il fallait maintenant lui assurer sa place au sein de la hiérarchie impériale. Les états de Bohême et le nouveau roi s’empressèrent de notifier l’élection aux princes de l’empire. Si la joie était vive dans la plus grande partie de la Bohême, les nouvelles de Prague excitèrent un sentiment bien opposé dans les cours allemandes. Excepté Mathias Gorvin, chacun se sentit blessé. L’empereur, selon sa coutume, affecta une parfaite indifférence ; mais le duc d’Autriche, son frère, incapable de contenir sa fureur, se vengea immédiatement sur les amis de George Podiebrad qui se trouvaient à la portée de ses coups. Podiebrad avait des alliés en Autriche ; ils furent arrêtés et jetés en prison comme ayant contribué à la mort de Ladislas. Les deux ducs de Saxe, Guillaume et Frédéric, adressèrent une protestation au