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Mexique, se sont entendues pour conclure entre elles une convention dans le but de combiner leur action commune ; » il dit encore que la France, l’Angleterre et l’Espagne enverront immédiatement des forces de terre et de mer pour pouvoir saisir et occuper les diverses positions militaires du littoral mexicain, et que « les commandans des forces alliées seront en outre autorisés à accomplir les autres opérations qui seraient jugées sur les lieux les plus propres à atteindre le but spécifié dans le préambule ; » il dit enfin que les puissances alliées « s’engagent à ne rechercher pour elles-mêmes dans l’emploi des mesures coercitives prévues par la convention aucune acquisition de territoire, ni aucun avantage particulier, et à exercer dans les affaires intérieures du Mexique aucune influence de nature à porter atteinte au droit de la nation mexicaine de choisir et de constituer librement la forme de son gouvernement. » Quelque confusion et quelques réticences qu’il y ait dans ce traité du 31 octobre, il a évidemment un sens qui se dégage de lui-même. Il ne stipule que l’occupation du littoral mexicain, mais en même temps il laisse entrevoir une marche dans l’intérieur ; il éloigne toute idée d’une transformation du Mexique sous la pression d’une force étrangère, mais il va manifestement jusqu’à prévoir une transformation librement accomplie par la nation mexicaine en présence et sous la protection des armées alliées.

Il y a mieux, ce qu’il y avait de plus scabreux, de plus problématique dans l’entreprise, cette arrière-pensée de chercher une sécurité nouvelle dans la fondation d’une monarchie au Mexique, n’avait rien d’imprévu, rien qui n’eût été débattu et accepté. L’Angleterre elle-même, sans promettre une coopération matérielle au-delà d’une occupation du littoral, sans avoir une illusion bien vive sur une transformation possible de la situation intérieure du Mexique, ne voyait dans un événement semblable rien que de compatible avec le traité du 31 octobre et de moralement favorable. L’Espagne allait bien plus loin : elle voyait dans l’établissement d’un ordre plus régulier et plus stable la seule politique digne de l’Europe ; elle aurait voulu qu’on évitât de s’interdire, sous forme diplomatique et ostensible, toute immixtion dans les affaires intérieures mexicaines, de peur que cette obligation ne ressemblât « à la manifestation d’un dessein irrévocable d’abandonner le Mexique à ses propres forces, en rendant impossible l’organisation d’un gouvernement raisonnable par le découragement que la seule crainte de cet abandon pourrait produire dans les esprits droits et éclairés. » Une dépêche de l’ambassadeur de la reine Isabelle à Paris, en date du 13 octobre 1861, révèle les dispositions de la France et de l’Espagne à ce moment. « M. Thouvenel croit, disait M. Mon, que l’expédition en commun