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LITTERATURE ANGLAISE

DEGENERESCENCE DU ROMAN

Volontiers en quête de ces œuvres exotiques, plus rares qu’on ne pense, où qui, comme en un bloc à peine dégrossi, quelque idée heureuse, bonne à extraire de sa cachette, et qui, mise en son jour, dégagée de sa gangue, taillée, polie, sertie par un arrangeur laborieux, mérite de fixer le regard, nous faisons souvent « buisson creux, et on le croira sans peine. » Maint volume nous passe par les mains, que nous laissons échapper, une fois lu, avec une lassitude mêlée de regret. Un nom nous avait séduit, un titre nous avait alléché ; mais c’étaient là de vaines promesses, une chimère, un mirage dont il eût fallu n’être point dupe. D’un autre côté, comment échapper à ces pièges, comment ne pas risquer ces mésaventures, lorsqu’on tient à l’indépendance de ses jugemens et de ses choix ? Assez d’autres se mettent en campagne, courant à l’envi sur les pistes qu’on leur signale, et se résignent à n’être que les complaisans échos de la critique étrangère, sans réfléchir assez aux ignorances, aux caprices, aux calculs qui nous rendent ses arrêts suspects et dénoncent à nos méfiances ses appréciations si étrangement contradictoires. Nous leur laissons les sentiers frayés où l’on s’égare peut-être moins, mais où les découvertes sont impossibles, préférant pour notre compté quelques fatigues, quelques ennuis de plus, si, au prix de ces ennuis et de ces fatigues, nous pouvons çà et là compter sur une bonne chance qui nous en dédommage amplement.

Du reste, il faut être juste, tout n’est pas perte dans ces recherches avortées. Tel récit, banal dans l’ensemble, offre des détails