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Un bourgeois de Prague, Jean Welwar, se leva le premier, tenant à la main un écrit revêtu du sceau du royaume de Bohême, du sceau de l’empereur Sigismond et de celui d’Albert, duc d’Autriche ; il présenta ces pièces aux députés hussites, à l’empereur et au duc, qui les reconnurent pour authentiques, puis le notaire impérial lut le document à haute voix, et Jean Welwar en fit la remise solennelle aux légats du concile. C’était le texte des compactats, c’est-à-dire des concessions faites aux hussites par les pères du concile de Bâle, avec les engagemens que prenaient à cette occasion tous les hussites de Bohême et de Moravie ; ils promettaient de rester fidèles à l’esprit de paix, d’union, de charité chrétienne, et quiconque manquerait à ce devoir, ajoutaient-ils, serait puni selon la loi, sans que la paix dût être troublée pour cela entre les chrétiens de la communion hussite et les chrétiens de la communion catholique. Quatre prêtres hussites désignés à cet effet par l’assemblée nationale de Bohême, Wenceslas de Drachow, Paul de Slawikowic, Wenceslas de Luznic, Bohunek de Chocen, se levèrent alors, et au nom de tous leurs frères, laïques ou prêtres, jurèrent obéissance à l’église. Ce serment, formulé par écrit et revêtu du sceau du royaume de Bohême, fut déposé aussi entre les mains des légats. A. leur tour, les légats prirent la parole, livrèrent aux représentans des hussites les compactats du concile confirmés par l’empereur, et ordonnèrent à tous les princes et peuples de la chrétienté de vivre désormais en esprit de paix, d’union et de charité chrétienne avec les Bohèmes et les Moraves. « Que nul ne les outrage à l’avenir, parce qu’ils ont reçu et recevront la communion sous les deux espèces, ajoutaient les envoyés du concile ; que nul ne les maudisse, mais que chacun au contraire les tienne pour bons chrétiens, fils de notre sainte mère l’église. » En même temps ils enjoignirent à l’archevêque de Prague, ainsi qu’aux évêques d’Olmutz et de Leitomysl, présens à la cérémonie, de donner la communion sous les deux espèces à tous ceux qui voudraient la recevoir sous cette forme ; tous les évêques du royaume étaient tenus d’agir de même, tous devaient désigner des prêtres chargés de distribuer ainsi la communion dans les églises où s’était conservé cet usage, tous enfin devaient ordonner les prêtres hussites au même titre que les prêtres catholiques, Sans leur faire la moindre opposition au sujet de leur croyance sur la forme de l’eucharistie. Bien plus, ces concessions n’étaient pas seulement pour ceux qui jusqu’alors avaient adopté la foi de Jean Huss ; ceux-là mêmes qui n’avaient pas encore reçu la communion sous les deux espèces étaient libres de la demander à l’avenir. On ne se contentait pas d’amnistier hier et aujourd’hui ; le droit restait acquis, disait le texte officiel, acquis pour demain, pour toujours, pour les siècles des siècles. Quand la lecture des pièces fut terminée,