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a été réglé par acte du parlement, et que vous ne pouvez l’abroger sans le consentement de votre peuple. Nous espérons aussi leur faire comprendre qu’outre les inconvéniens et l’ennui que cela causerait à l’infante elle-même, il n’y aurait aucun avantage pour les catholiques, et qu’il leur vaut mieux avoir le libre exercice de leur culte dans leurs propres maisons qu’aller publiquement à son église, car, s’ils se réunissent tous dans un centre, leur nombre paraîtra bien plus grand, le public sera bien plus méfiant, et leur sécurité bien moindre. Ceci n’est rien moins d’ailleurs que demander à mots couverts la liberté de conscience, qu’il n’est ni dans votre intention ni dans votre pouvoir d’accorder. »

Le prince et les négociateurs anglais s’efforcèrent en vain d’écarter les nouvelles demandes du pape et de s’entendre avec les Espagnols à des termes précis. Le 29 avril (9 mai), Charles écrivit au roi son père : « Je m’aperçois que, si je n’ai pas à montrer une pièce signée de votre majesté et où vous vous engagiez à faire tout ce que je promettrai en votre nom, l’affaire traînera encore bien longtemps. Je supplie donc humblement votre majesté de m’envoyer un acte portant : « Nous promettons, sur notre parole de roi, d’accomplir ponctuellement tout ce que notre fils promettra en notre nom. » Je reconnais, sire, que je vous demande là une ample confiance, et si la nécessité ne m’y contraignait pas, je ne l’oserais jamais ; mais j’espère que votre majesté n’aura pas à s’en repentir. » Et à cette lettre de Charles, Buckingham, écrivant cette fois à part et pour son compte, ajouta : « C’est à cause de son extrême désir de vous revoir bientôt que votre fils vous écrit ainsi ; il croit que, si vous lui envoyez cette pièce signée de vous, les Espagnols, quand même (ce qu’il n’aperçoit pas encore) ils voudraient susciter de nouveaux délais, seraient fort embarrassés. Vous ne pouvez douter de la discrétion de votre enfant, et quant à ma fidélité, je mourrais plutôt que d’y porter la moindre atteinte. »

Jacques leur répondit[1] à tous deux ensemble : « Mes chers enfans, j’ai reçu hier soir, par deux courriers différens, vos deux paquets. Je vous avais écrit la veille mon opinion sur les trois conditions ajoutées à la dispense. Je vous envoie aujourd’hui, mon enfant, le pouvoir que vous désirez. Je ne refuserai pas de mettre, dans mon seul fils et dans mon meilleur serviteur, une confiance même étrange. Je sais que, tels que vous êtes tous deux, vous ne promettrez jamais en mon nom rien qui ne soit d’accord avec ma conscience, mon honneur et ma sûreté. Je les remets pleinement entre les mains de l’un ou de l’autre de vous. Ma précédente lettre vous montrera ma pensée, et maintenant je vous remets ce plein pouvoir, priant Dieu qu’il

  1. Le 11 (21) mai 1623.