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Si nous sommes bien informé, le ministère hellénique fit des ouvertures. La France et l’Angleterre s’opposaient à la vente des biens nationaux de la Grèce, que le gouvernement du roi Othon voulait aliéner en partie afin de les rendre plus productifs, mais qu’elles considéraient, non sans raison, comme le gage le plus solide du remboursement de l’emprunt. Il promit, pour les désintéresser, de consacrer effectivement à l’acquittement de ses obligations financières une somme annuelle qui serait progressivement portée de 300,000 dr. à 1 million et payée sans interruption jusqu’à l’entière extinction du capital de la dette. Seulement il exprima le discret espoir que les trois puissances voudraient bien compléter leur œuvre bienfaitrice en consacrant cette somme annuelle à des travaux d’utilité publique dont le besoin se fait depuis longtemps sentir en Grèce, et qu’elle accepterait avec reconnaissance de leur générosité. — Ces offres, déclinées en partie, devinrent le point de départ de la transaction qui était dans les nécessités du moment. Les cabinets de Londres et de Paris crurent la trouver dans l’établissement d’une commission qui serait chargée de s’enquérir, par un examen attentif des ressources de la Grèce, de fixer la mesure dans laquelle il lui serait possible de remplir ses obligations financières, et quand cette première tâche, essentiellement temporaire, serait terminée, de surveiller longtemps encore l’emploi auquel seraient appliquées ces ressources dans l’intérêt bien entendu de la Grèce elle-même. Il fut convenu que cette double mission serait remise non pas à des agens spéciaux, mais aux légations, qui, connaissant de longue date les hommes du pays, y apporteraient sans doute plus de tact et moins de rigueur. On demanda la coopération du cabinet de Saint-Pétersbourg, dont la bienveillance pour le gouvernement du roi Othon ne pouvait être suspectée, et il fut arrêté que les trois puissances feraient abnégation, sur ce terrain commun, des tendances particulières de leur politique en Orient pour consacrer leurs efforts sincèrement unis à la régénération de la Grèce.

La commission temporaire ouvrit ses séances à Athènes le 18 février 1857 a l’hôtel de la légation britannique et y siégea pour la dernière fois le 24 mai 1859, après avoir eu soixante réunions. Elle se composait des représentans de la France, de l’Angleterre et de la Russie. Les deux premiers avaient chacun pour auxiliaire un agent des finances de son gouvernement. Le ministre d’Angleterre présidait, et le premier secrétaire de la légation de France rédigeait les procès-verbaux. Il fut résolu, dans la première séance, que l’on procéderait successivement à l’étude des ressources de la Grèce et du mode de perception de ses revenus, à l’inspection des dépenses de l’état, enfin à l’examen des réformes qu’il lui serait avantageux d’accomplir.