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drid parurent plus décidées et plus efficaces. Gondomar retourna à Londres, et affirma au roi Jacques « qu’on ne lui demanderait, en faveur des catholiques anglais, rien qui ne convînt à sa conscience et à son honneur, ni qui pût porter atteinte à l’amour de son peuple. » Avant de se rendre à Londres, il avait ordre de passer et il passa en effet par l’Allemagne; mais on lui prescrivit de s’entendre, à cet égard, avec l’ambassadeur d’Angleterre à Madrid, de ne pas prolonger son séjour à Vienne, et il fut autorisé à déclarer au roi Jacques que ce voyage n’avait d’autre objet que de faire à l’empereur Ferdinand II une visite de condoléance, et de lui donner, quant à la guerre engagée alors avec l’électeur palatin, des conseils de conciliation. Le frère Diego de la Fuente fut en même temps envoyé à Rome, chargé de prendre part aux démarches entamées auprès du pape pour obtenir la dispense nécessaire au mariage de l’infante, et pour déterminer les concessions et les garanties qu’à cette occasion on devait demander au roi d’Angleterre en faveur des catholiques anglais. « Ce moine connaissait très bien, disait-on, l’état de la négociation, et ce qu’on pouvait espérer de l’Angleterre pour le bien de la foi catholique ; » mais, pour éviter toute apparence de menées doubles et secrètes, il avait ordre « de se régler toujours selon l’avis de l’ambassadeur d’Espagne à Rome, le duc d’Albuquerque, et de ne s’entretenir de l’affaire qu’avec les personnes que l’ambassadeur lui désignerait. » Arrivé à Londres en juillet 1619, Gondomar informa sur-le-champ sa cour que Digby allait repartir pour Madrid. « Il est très bien disposé en faveur de l’Espagne, écrivait le comte, et il mettra tout en œuvre pour conclure le mariage, attendu que son avancement dépend de la réussite de cette négociation; mais avant tout il est un serviteur zélé de son roi, et s’il s’aperçoit qu’il y a de la tiédeur ou qu’on élève des difficultés, il ne manquera pas de lui en rendre compte immédiatement. Il convient donc de traiter John Digby avec toute sorte de politesse et de lui faire entendre des paroles de bon vouloir; mais il faut avoir grand soin de ne pas entrer dans des détails, car si en Angleterre on venait à perdre tout espoir de réussir, on ne manquerait pas de prêter l’oreille aux propositions que fait la France, avec qui, d’après ce qu’on m’a assuré, le contrat serait conclu en huit jours, vu que, dans ce pays, on n’épargne rien pour arriver au but : on va jusqu’à offrir de décider l’affaire sans qu’il soit question de dispense, et avec des conditions très limitées en fait de religion. » La cour de Madrid ne négligeait rien pour persuader au gouvernement anglais qu’elle voulait réellement le mariage, et qu’à Rome et à Vienne, comme à Madrid et à Londres, elle faisait tous ses efforts pour lever les obstacles qui en retardaient la conclusion.

Deux événemens survinrent qui semblaient devoir donner à l’af-