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UN PROJET
DE MARIAGE ROYAL

ETUDE HISTORIQUE.

PREMIÈRE PARTIE.


I.

Les mariages royaux suscitent chez ceux qui y assistent ou qui s’en entretiennent des impressions très diverses. Les uns, et c’est le plus grand nombre, ne pensent qu’à la grandeur des destinées qui s’unissent par de tels liens, à l’importance des motifs qui les déterminent et des négociations qui les préparent, à l’éclat des fêtes qui les accompagnent. Les autres, et ce sont les plus délicats, se préoccupent du sort intime des personnes ainsi engagées l’une à l’autre, et s’attendrissent sur la condition de ces jeunes princesses, victimes dévouées de la politique, enlevées à leur patrie comme à leur famille, et livrées à qui ne les connaît point et n’est point connu d’elles, sans souci de leur volonté et de leur bonheur. De ces spectateurs si différemment affectés, les premiers voient souvent leurs brillantes attentes démenties par les faits, et je crains bien que l’honnête compassion des seconds ne soit jamais satisfaite. Les politiques ont raison de croire que les alliances entre les familles royales ne sont pas sans valeur entre les états, et ils ont tort quand ils se confient dans leur forte efficacité; ces liens influent sur les événemens, mais n’en décident point : il y a des causes plus profondes qui