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a été plus ou moins perfectionnée, connus sous les dénominations d’espagnols, de mérinos ou de métis; enfin les moutons améliorés pour les soumettre à un engraissement précoce, et que dans nos campagnes l’on confond volontiers sous le nom d’anglais.

L’aspect et les mérites des races vulgaires, c’est-à-dire la taille, l’aptitude à s’engraisser, le poids, la finesse et même la couleur de la toison varient singulièrement. Ce que nos moutons de pays ont de commun entre eux, c’est seulement la grosseur et la rudesse de la laine qui ne convient guère qu’au peigne. Il faut toutefois reconnaître que, si la toison de ces animaux est souvent mauvaise, leur viande est savoureuse et leur rusticité extrême. Les landes de la Bretagne, les garrigues de la Lozère, les fiévreux déserts de la Sologne, les collines du Languedoc nourrissent des troupeaux qui au besoin se contentent de broussailles.

Quand, les ressources fourragères étant augmentées par la culture des prairies artificielles, on veut améliorer la laine des moutons, il faut faire intervenir des béliers de race mérine. Quelle que soit la patrie première des mérinos, l’Espagne voulut rester et resta longtemps seule à les posséder. Ils sont aujourd’hui répandus dans tous les pays, et la France, qui doit surtout à Daubenton l’acclimatation de cette race précieuse, a remplacé ou modifié par elle un grand nombre de ses bêtes indigènes, le cinquième environ. Nos moutons à laine améliorée habitent principalement l’Ile-de-France, où ils forment la majorité des troupeaux, et de là ils rayonnent dans une grande partie de la Champagne et de l’Orléanais. La Bourgogne est devenue sur plusieurs points un centre d’élevage fort actif pour les moutons de race mérine; certains cantons de la Normandie et de la Lorraine marchent également dans cette voie. Il est assez rare cependant que le sang mérinos puisse être conservé pur. L’abondance, sinon la délicatesse de alimens que consomment les animaux de cette famille, la difficulté avec laquelle ils s’engraissent, une excessive propension à contracter la pourriture, le piétin, le sang de rate, le tournis, en un mot les diverses maladies qui frappent l’espèce ovine, rendent les mérinos impossibles dans une foule de circonstances, et obligent à se contenter de métis. On comprend donc à quel point il faut se préoccuper de l’hygiène du troupeau quand il s’agit de laines superfines, comme celles fournies par la race de Naz, qui n’est qu’une tribu de mérinos à toison perfectionnée; mais, dès que la laine a été rendue par le croisement suffisamment bonne, et que l’on veut communiquer aux moutons, en vue de la boucherie, les aptitudes d)nt manque la race mérine, il faut recourir à un autre ordre d’améliorateurs.

Les races de boucherie les plus précoces que nous connaissions sont d’origine, nous allions dire de fabrication anglaise, et les meil-