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ces mines du Campigliais, dont l’exploitation était prospère à une époque si reculée. Sous les Romains, ces mines n’ont pas été exploitées, et ce qui le prouve, c’est d’abord un décret du sénat, trois fois cité par Pline dans son Histoire naturelle. Ce décret, pour des motifs que Pline ne fait pas connaître, mais qu’il est aisé de concevoir, défendait l’exploitation des mines dans toute la péninsule. Le sénat eut sans doute en vue de favoriser par là les développemens de l’agriculture sur le sol italien et les progrès de ses colonies lointaines. Ainsi, à la même époque où Rome achevait la soumission de l’Étrurie, elle conquérait l’Espagne, et elle avait déjà fait de l’île de Sardaigne, qu’elle arrachait aux Carthaginois, une province de la république. L’Espagne et la Sardaigne étaient alors célèbres, elles le sont encore aujourd’hui, pour le travail des mines et les richesses qui en proviennent. Défendre l’exploitation minérale sur le sol de l’Italie, et la permettre, l’encourager même dans les pays conquis, c’était donc appeler au loin des colons, c’était répandre dans les provinces récemment annexées la langue, les mœurs, la religion de Rome, et c’est ce que demandait le sénat. À une époque plus rapprochée de nous, n’avons-nous pas vu l’Espagne faire usage d’une telle politique, et prohiber le travail des mines sur son propre sol pour le transporter dans le Nouveau-Monde ? Quoi qu’il en soit des idées du sénat au sujet de l’exploitation des mines en Italie, il est certain que les mines du Campigliais, si activement fouillées par les Étrusques, restèrent inexploitées après la conquête romaine. Strabon, dans sa Géographie, dit en propres termes qu’en passant à Populonia il y trouva d’anciennes mines abandonnées, et c’est certainement aux mines de Campiglia qu’il fait allusion, ces mines étant les seules voisines de Populonia. Dans les tas de scories de Fucinaja et de Gherardesca, où quelques objets ont été retrouvés, on n’a jamais rencontré d’ailleurs que des restes de l’époque étrusque, comme des scarabées ou des amphores de forme spéciale. Qu’il me soit permis d’ajouter qu’au point de vue de l’art des mines et de la métallurgie, les travaux du Campigliais présentent un cachet d’unité qui est le signe d’une seule et même époque.

Pendant le moyen âge, les mines de la Toscane ont été le siège de travaux très actifs ; mais on n’a pas recommencé les exploitations du Campigliais, et il faut arriver jusqu’aux temps modernes pour assister à la reprise des travaux étrusques. Deux essais ont été tentés, l’un vers le milieu du XVIe siècle par le premier des grands-ducs de Toscane, Cosme Ier de Médias, dit le Grand, l’autre de nos jours même. La première de ces tentatives n’offrit qu’un intérêt passager. Aussi profond politique que bon administrateur, Cosme joignait à ces qualités celle d’habile commerçant qu’il tenait de sa race. Le