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être découpée en deux états, peut-être en bois. Dans l’ancienne province du Texas, l’esclavage, aboli par les Mexicains indépendans, avait été rétabli; on eût accompli la même restauration dans les autres parties du Mexique qu’on se serait appropriées. A plus forte raison ce système rétrograde eût été imposé aux états de l’Amérique centrale jusqu’à Panama. Plus tard, on aurait vu ce qu’il convenait de faire pour l’Amérique méridionale. Provisoirement on voulait bien la laisser en paix. L’exécution de ce plan audacieux se poursuivait imperturbablement. On avait déchaîne sur l’île de Cuba, sous la conduite d’un réfugié espagnol nommé Lopez, des expéditions de prétendus libérateurs qui avaient échoué misérablement. On s’était alors retourné vers un procédé plus acceptable au point de vue du droit des gens : on avait proposé à l’Espagne de céder cette admirable colonie à prix d’argent. L’Europe avait vu trois des diplomates américains envoyés près de ses cours se réunir à Ostende, tracer la marche à suivre pour l’incorporation de Cuba dans l’Union, moitié de gré, moitié de force. En spectacle d’un autre genre, mais qui n’était pas moins propre à exciter l’étonnement universel, avait été offert au monde par les tentatives réitérées de Walker sur l’Amérique centrale. Ce condottiere sans frein, après avoir organisé ses bandes à la Nouvelle-Orléans, au su de tout le monde, allait promener sur les rives du lac de Nicaragua la rébellion, le meurtre et l’incendie. Il était l’effroi et le fléau de peuples inoffensifs, et le gouvernement fédéral n’essayait rien de sérieux pour entraver ces entreprises de flibustier, quoiqu’elles fussent dirigées très ostensiblement contre des pays amis. Les hommes éclairés du nord réprouvaient cette politique agressive, qui violait toutes les règles observées entre états civilisés; mais l’influence du sud intimidait le gouvernement fédéral, et celui-ci se laissait lier les mains. En même temps que le sud de l’Union américaine agissait ainsi en conquérant vis-à-vis de l’Amérique espagnole, il tentait de comprimer la réprobation que ses plans et ses actes soulevaient en Europe en affichant une doctrine suivant laquelle il aurait été interdit aux puissances européennes d’intervenir dans les affaires du Nouveau-Monde. C’était la célèbre doctrine dite de Monroë, parce qu’elle avait été consignée, mais au milieu de circonstances bien différentes, dans un des messages annuels de l’illustre président de ce nom. On se souvient de la recrudescence des idées légitimistes, féodales et absolutistes dans les conseils des monarchies européennes vers 1820 et dans les années qui suivirent. Elle fut la cause de grands événemens dans les deux péninsules, l’italienne et l’ibérique; les institutions libérales y furent renversées par des baïonnettes étrangères. La France se chargea de l’exécution en Espagne, et fit la campagne