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cès, proportion extrêmement favorable. Les États-Unis à ce moment-là n’avaient pas tout à fait aussi bien. La population était à peu près la même alors dans la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne et dans la république américaine, environ sept millions d’âmes. Combien c’est changé aujourd’hui ! Et les progrès de la richesse, des lumières, de la puissance, ont été aux États-Unis plus marqués encore que ceux de la population, tandis que le Mexique offrait l’affligeant spectacle d’une décadence continue.


V. DU SUCCÈS DE L’EXPEDITION.

Quelque incomplet qu’il soit, l’exposé qui précède ne laisse cependant pas de doute sur ce point : que le pays du Mexique se présente avec des ressources tout à fait extraordinaires et dans des conditions exceptionnellement favorables. Par l’extrême diversité de ses productions et par le bas prix auquel il peut fournir des matières si diverses, par la rapidité avec laquelle la population s’y multiplierait, si la société cessait d’y être dans une situation aussi précaire, il semble appelé, pour peu qu’on l’aide et qu’il s’aide lui-même, à devenir le siège d’un immense commerce tant extérieur qu’intérieur. Il aurait de la richesse, il aurait de la population, il occuperait une position tout aussi intéressante sous le rapport de l’action militaire et maritime que pour les grandes opérations d’échanges avec l’étranger. On n’exagère donc rien en disant qu’il dépend des hommes d’en faire un grand empire.

Il nous reste à dire un mot de l’expédition même et de ses chances de réussite.

Le succès militaire de l’expédition semble infaillible. À l’origine, le corps expéditionnaire n’était pas suffisamment fort ; mais le gouvernement français s’est empressé de renforcer son contingent par l’envoi de nouvelles troupes, sous les ordres du général Lorencez, et on serait à temps de l’augmenter encore. La fièvre jaune, qui est terrible à la Vera-Cruz envers les étrangers et même envers les Mexicains du plateau, ne devient formidable qu’à la fin de mai ou au commencement de juin. Une armée qui partirait de Paris aujourd’hui pourrait être alors entrée à Mexico, et en tout cas aurait pris position dans une région parfaitement salubre. De la Vera-Cruz, point de débarquement, à Mexico, il existe deux routes, l’ancienne et la nouvelle, qui toutes les deux, après un trajet de moins de 100 kilomètres, conduiraient nos braves soldats dans la Terre-Tempérée, région aussi salubre qu’elle est belle, et où la culture est féconde et variée, de sorte qu’ils y trouveraient à la fois l’abondance et le bon air. Chacune des deux routes offre une ville importante : d’un côté Xalapa, de l’autre Orizaba, où il est facile