Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/899

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
III. — SITUATION GÉOGRAPHIQUE.

Aux dons précieux de cette riche variété dans son climat, qui apparaît sur des parties contiguës du territoire, et de ces mines mêmes d’argent qui sont sans pareilles au monde, le Mexique en joint un autre qui peut aussi devenir une source de prospérité et de grandeur. J’ai déjà rappelé qu’il est à cheval sur les deux vastes océans. Par son rivage oriental, il est vis-à-vis de l’Europe, et son rivage occidental est baigné par le Grand-Océan, justement nommé en ces parages, pour la majeure partie de l’année du moins, le Pacifique. Par ce dernier océan, il peut entretenir des relations faciles avec les grands et populeux empires de l’Asie, l’Inde, la Chine et le Japon, et avec les colonies prospères que, depuis un demi-siècle ou moins encore, le génie entreprenant de la race européenne a formées dans les archipels dont est semée l’immensité du Grand-Océan, ou sur les rivages naguère inhabités qu’il baigne. L’Australie et la Californie sont les deux plus éclatans produits de cette activité intelligente de la race de Japhet, et on peut prévoir la création prochaine de nouveaux établissemens parmi ces îles innombrables. N’a-t-on pas vu depuis quelques années les Marquises, les îles de la Société, la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, s’ajouter au domaine de la civilisation occidentale? Parmi les anciennes colonies de l’Europe dans ces parages, la plupart ont grandi en puissance de production; Java en offre le plus bel exemple. Les Philippines, qui à elles seules pourraient constituer un état puissant, semblent sortir de leur immobilité séculaire. Ainsi une vie nouvelle, souillée par le génie de l’Europe, pénètre de toutes parts dans le Grand-Océan. Un pays aussi bien situé que l’est le Mexique par rapport à ce bassin prodigieusement étendu semble appelé à en retirer de grands avantages.

Le temps n’est plus où un philosophe éminent comme M. de Humboldt, d’ordinaire si clairvoyant dans ses prévisions, pouvait écrire qu’il fallait considérer comme presque nulle l’influence que l’Asie exercerait jamais sur le nouveau continent et réciproquement, parce que, dans un sens au moins, la « constance des vents alizés et le grand courant de rotation, qui est constant entre les tropiques, » rendraient ces relations éternellement difficiles. Depuis que M. de Humboldt s’exprimait ainsi, le navire à vapeur est apparu, il a successivement reçu des perfectionnemens qui en ont fait un appareil merveilleux de rapidité, d’exactitude et de sécurité, et grâce à cette invention, ce qui semblait impossible est devenu d’une facilité extrême.

Pour se faire une idée de l’énergie avec laquelle aujourd’hui le