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plus fertiles vallons de toute la Californie, à proximité de la capitale, San-Francisco. Les mines de la Nouvelle-Almaden, c’est le nom qu’on a donné à ces exploitations, sont aujourd’hui en pleine activité; elles rendent déjà autant de métal que toutes celles de l’Europe ensemble, elles le produisent dans d’excellentes conditions, et on peut croire qu’il n’y aura d’autre limite à leur extraction que celle de la grandeur même des besoins des mines d’argent. Il résulte d’un excellent mémoire de M. Laur, ingénieur des mines, sur les richesses métallurgiques de la Californie, qu’on s’attend à voir bientôt le mercure offert à l’exportation, à San-Francisco, au prix de 3 francs à 3 francs 20 le kilogramme. Il ne faudrait pas davantage pour donner à l’exploitation des mines d’argent du Mexique, et du Nouveau-Monde en général, une impulsion extraordinaire. Si le Mexique adoptait enfin une organisation politique qui y rétablît l’ordre et la sécurité, si des voies de communication, des routes et quelques chemins de fer s’y construisaient de manière à réduire les frais de transport qui y sont exorbitans, si la législation des mines y recevait quelques améliorations que les hommes compétens ont signalées, la production de l’argent y acquerrait bientôt les plus grandes proportions.

Au commencement du siècle, M. de Humboldt écrivait ces lignes : « En général, l’abondance de l’argent est telle dans la chaîne des Andes, qu’en réfléchissant sur le nombre des gîtes de minerais qui sont restés intacts, ou qui n’ont été que superficiellement exploités, on serait tenté de croire que les Européens ont à peine commencé à jouir de cet inépuisable fonds de richesses que renferme le Nouveau-Monde... » — « L’Europe serait inondée de métaux précieux, si l’on attaquait à la fois, avec tous les moyens qu’offre le perfectionnement de l’art du mineur, les gîtes de minerais de Bolanos, de Batopilas, de Sombrerete, du Rosario, de Pachuca, de Moran, de Zultepec, de Chihuahua, et tant d’autres qui ont joui d’une ancienne et juste célébrité. » Un autre observateur fort éclairé, venu quarante ans plus tard, M. Duport, disait : « Les gisemens travaillés depuis trois siècles ne sont rien auprès de ceux qui restent à explorer... » — « Le temps viendra, un siècle plus tôt, un siècle plus tard, où la production de l’argent n’aura d’autres limites que celles qui lui seront imposées par la baisse toujours croissante de la valeur. » Le moment paraît proche où ces prédictions doivent s’accomplir, soit parce que le Mexique se sera reconstitué lui-même, soit, s’il s’y refuse ou s’il y échoue, par la conquête qu’en feraient les Américains du Nord.