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que celui de Guanaxuato lui-même, là où il l’est le plus. C’est ainsi qu’à Pasco on connaît et on exploite depuis longtemps deux filons, l’un de 114, l’autre de 123 mètres d’épaisseur. En général, et sauf des exceptions qui ne laissent pas de se répéter, le minerai qu’on extrait de ces filons n’a pas, même après qu’on a rejeté les matières stériles, une teneur utile de plus de deux à trois millièmes, c’est-à-dire qu’on extrait seulement 2 ou 3 kilogrammes d’argent de 1,000 kilogrammes de minerai soumis au traitement; mais l’immense quantité de minerai que fournissent ces puissans filons permet d’arriver, même avec une aussi faible teneur utile, à un rendement considérable et assez fréquemment à de beaux bénéfices.

Ce qui distingue les mines du Mexique de celles du Pérou et de la plupart des autres contrées d’Amérique qui possèdent des filons d’argent, c’est le caractère des sites où on les rencontre. La plupart des mines mexicaines sont dans des contrées fertiles et riantes où la vie est facile et peut être rendue agréable à peu de frais. Il est rare qu’elles soient situées à plus de 2,000 ou 2,200 mètres au-dessus du niveau des mers. Les célèbres mines de Valenciana et de Rayas près de Guanaxuato, qui au commencement du siècle rendaient plus que n’a jamais donné la montagne du Potosi, sont dans un climat charmant, à portée d’un pays fertile qui produit en abondance tout ce qu’il faut pour bien nourrir les mineurs et pour la subsistance des mules que l’exploitation emploie en très grand nombre. Les mines du Pérou au contraire sont dans des régions glacées, à peu de distance des neiges éternelles. C’est ainsi que les mines de Pasco se trouvent à plus de 4,000 mètres d’altitude dans les hautes montagnes où l’Amazone prend sa source. La mine de Gualgayoc est à 4,080 mètres. La célèbre mine du Potosi a été exploitée jusqu’à la hauteur du sommet du Mont-Blanc. La montagne du Potosi, des flancs de laquelle on a tiré tant de trésors, a une élévation de 4,865 mètres au-dessus de la mer, et 945 au-dessus de sa propre base, ce qui fait que la moindre altitude où l’on puisse l’exploiter est encore à 3,920 mètres. Le pays qui entoure le pic est aride, affreux, et, ce qui aggrave la situation des mineurs, inaccessible, faute de chemins, qui seraient très dispendieux à établir. Cette seule circonstance de se trouver dans un climat favorisé assure aux mines du Mexique de grandes facilités d’exploitation, et par conséquent un grand développement. Toutes choses égales d’ailleurs, la main-d’œuvre est moins chère lorsque les vivres sont meilleur marché, et lorsque les ouvriers sont attirés par les agrémens du climat.

Ce fut un mineur mexicain, Barthélémy Médina, à la mémoire duquel aucun monument n’a été consacré, qui imagina au XVIe siècle, en 1557, la méthode suivant laquelle l’exploitation de la presque totalité du minerai se fait encore. C’est la méthode dite par amalga-